Critique ciné : Django Unchained
La sortie d'un nouveau film de Quentin Tarantino n'est jamais un événement anodin ! Après tout, l'homme est en activité derrière la caméra depuis 20 ans et "Django Unchained" n'est que son 8ème film (ou le 7ème si on compte les 2 "Kill Bill" comme un seul film) !
L'idée pour Tarantino d'écrire et de réaliser un film qui parlerait de la période esclavagiste des Etats-Unis sous la forme d'un western-spaghetti remonterait à 2007, même s'il n'a terminé d'écrire son script qu'en 2011. Le titre du film (et le nom de son personnage principal) fait d'ailleurs référence à un western-spaghetti italien de 1966 simplement nommé "Django" (qui bénéficie actuellement d'un sacré coup de projecteur grâce au film de Tarantino et une ressortie en DVD bien opportune) réalisé par Sergio Corbucci dont l'acteur principal, Franco Nero, fait d'ailleurs une petite apparition dans "Django Unchained". Le titre s'inspirerait également du péplum franco-italien de 1959 "Hercule Et La Reine De Lydie" qui avait été renommé "Hercules Unchained" aux Etats-Unis.
Pour le scénario, Quentin Tarantino est notamment allé piocher du côté de "Mandigo", un film réalisé par Richard Fleischer en 1975, qui raconte l'histoire d'un esclave entrainé pour des combats à mort et à mains nues. Enfin, les quelques scènes de "Django Unchained" se déroulant dans des décors neigeux seraient des références au film "Le Grand Silence", un autre western-spaghetti réalisé par Sergio Corbucci en 1968.
Côté casting, le personnage de Django avait à l'origine été écrit pour Will Smith mais celui-ci a refusé le rôle qui est finalement revenu à Jamie Foxx ("L'Enfer Du Dimanche", "Collateral", "Ray", "Jarhead", "Miami Vice", "Le Royaume" et bientôt en grand méchant dans "The Amazing Spider-Man 2"). Pour le second rôle le plus important de son film, Tarantino fait à nouveau appel à l'acteur autrichien Christoph Waltz (l'incroyable Colonel Hans Landa de "Inglorious Basterds"). Samuel L. Jackson (qui a participé à presque tous les films de Tarantino jusqu'ici de façon plus ou moins visible par le spectateur, à l'exception de "Reservoir Dogs" et "Boulevard De La Mort") est à nouveau de la partie, tandis que le réalisateur travaille pour la première fois avec Leonardo DiCaprio. On notera également la présence de Don Johnson (la série TV "2 Flics À Miami") au casting, ainsi que quelques autres acteurs ayant déjà travaillé avec Quentin Tarantino et que seuls les fans les plus assidus arriveront à reconnaître lors de leurs brèves apparitions dans "Django Unchained"...
Kevin Costner, Kurt Russell, Sacha Baron Cohen ("Borat", "Brüno", "The Dictator") et Joseph Gordon-Levitt ("The Dark Knight Rises", "Looper") se sont tous vus proposer des rôles dans ce film, mais la plupart d'entre-eux a dû refuser car ils n'étaient pas disponibles pour le tournage. Les personnages qu'ils devaient interpréter ont d'ailleurs été retirés du scénario final. Le personnage écrit pour Jonah Hill ("Supergrave", "21 Jump Street") a connu le même sort mais l'acteur a fini par se libérer le temps de tourner une courte scène, totalement différente de celle qui lui était destinée au départ.
L'histoire : en 1858, Django est un esclave récemment acquis par les frères Speck. Mais le dentiste ambulant / chasseur de primes d'origine allemande King Schultz souhaite le leur racheter car il pourrait l'aider à reconnaitre les frères Brittle qu'il recherche actuellement. En échange de son aide, Django aimerait que Schultz l'aide à retrouver sa femme Broomhilda qui a été rachetée par l'impitoyable Calvin Candie...
Mine de rien, ça fait déjà longtemps que le cinéma de Tarantino penche du côté du western ! On pouvait déjà en deviner des éléments plus ou moins discrets dans "Pulp Fiction", "Kill Bill" ou "Inglorious Basterds", mais là, ça y est, il y va pour de bon avec "Django Unchained" ! Les paysages américains à perte de vue, la nature très présente, les costumes, les chevaux, et même les zooms ultra-rapides sur les visages à la Sergio Leone (déjà vus dans "Kill Bill" également), oui effectivement on a affaire à un western, mais à la sauce Tarantino ! Ce qui signifie que le film n'est pas qu'un western-spaghetti, mais aussi un mélange des diverses influences du réalisateur. Certaines règles du genre sont respectées et d'autres bafouées, mais qu'importe, le contraire aurait été surprenant de toute façon ! En termes de mise en scène, on a connu Tarantino un peu plus déjanté, mais au moins on évite le grand n'importe-quoi de "Kill Bill" tout en se rapprochant de la relative sobriété de "Inglorious Basterds" (avec des flash-backs et des décors variés mais surtout en intérieurs). Les lumières utilisées sont assez différentes d'une scène à l'autre, alternant entre quelques éclairages ultra-blancs en intérieurs ou extérieurs et les couleurs très chaudes des maisons de Calvin Candie. Un peu comme le film lui-même, qui alterne entre les extérieurs estivaux et les scènes hivernales. Depuis "Kill Bill" (et sans exception dans "Boulevard De La Mort" et "Inglorious Basterds"), Quentin Tarantino semble avoir envie de faire couler des litres de sang dans ses films, et "Django Unchained" ne déroge pas à la règle grâce à une poignée de scènes (surtout une en fait !) où les flots d'hémoglobine sont très présents, peut-être même un peu trop ! Pas parce-que je suis sensible à la vue du sang (qui est visiblement très faux ici), mais parce-que la quantité ne fait pas la qualité ! Franchement, même le combat de la mariée contre les hommes d'O-Ren Ishii dans "Kill Bill Vol. 1" parait bien sobre face aux litrons de sang versés dans une seule scène de "Django Unchained". Bon, à la limite c'est plutôt marrant, mais un poil "too much" quand-même...
S'il y a un aspect du film sur lequel Quentin Tarantino ne s'est pas foulé, c'est celui du scénario ! OK, le scénariste/réalisateur a déjà prouvé qu'il pouvait faire des films surprenant et riches même si leur scénario pouvait être résumé en une seule phrase, comme avec "Kill Bill" et "Boulevard De La Mort". Mais je reste persuadé qu'on pouvait en attendre davantage de "Django Unchained" ! Certains des enjeux présentés dans les bande-annonces comme étant très importants sont finalement expédiés en un temps record, et certaines scènes (comme celle des hommes cagoulés qui est hilarante) ne sont clairement dans le film que pour le temps d'un gag !!! Très étrange comme équilibre scénaristique... mais la partie la plus problématique du film est clairement sa dernière demi-heure où tout semble expédié à la va-vite (et ça se sent un peu trop !) sans la moindre cohérence avec ce qui a été exposé durant les deux heures précédentes (oui, le film dure 2h44 !). Cette dernière partie du film m'a clairement gâché la fête. Tarantino a certainement eu envie de s'éclater à partir du moment où l'histoire prend un tournant inattendu (la seule vraie surprise dans l'intégralité du film), mais il fait alors voler en éclat toute la crédibilité acquise jusque-là par ses personnages ! Dommage...
Heureusement, avant cette dernière section du film, il y a deux heures de dialogues extrêmement bien écrits et récités de manière souvent jouissive par des acteurs inspirés et au sommet de leur forme. Celui qu'on retiendra en priorité est bien sûr le docteur King Schultz (Christoph Waltz), absolument génial avec son élocution parfaite et son air détaché, même lorsqu'il est très sérieux ! Il ne devance Calvin Candie (Leonardo DiCaprio) que d'une courte tête car ce dernier est tout aussi riche et intriguant, notamment à cause du fait qu'il balance sans cesse entre la légèreté la plus infantile et la violence la plus effrayante ! On retiendra aussi l'incroyable performance d'un Samuel L. Jackson méconnaissable (surtout quand on l'a vu il n'y a pas si longtemps dans le rôle de Nick Fury dans "Avengers") dans la peau de Stephen, un serviteur zélé qui fait basculer tout l'équilibre du film dès son apparition ! Difficile en revanche de s'extasier devant la prestation de Jamie Foxx dans le rôle de Django, sans toutefois pouvoir l'attribuer clairement à l'écriture du personnage ou au jeu de l'acteur. Le souci provient peut-être du fait qu'il parait bien fade aux côtés de personnages aussi hauts en couleurs que King Schultz, Calvin Candie ou Stephen, ou alors du fait qu'on a du mal à comprendre les différences entre certaines de ses attitudes (de la passivité la plus complète à l'arrogance la plus totale). Bref, il a beau être le personnage central du film, je trouve que c'est le moins réussi et le plus incohérent...
Impossible d'évoquer un film de Quentin Tarantino sans un mot sur sa bande-originale ! Une nouvelle fois, l'éclectisme est de mise grâce à de véritables extraits de western-spaghetti (par le biais de vieux thèmes d'Ennio Morricone et même le générique original du "Django" de 1966) mêlés à des titres beaucoup plus modernes comme un remix d'un titre de James Brown avec du 2Pac ou encore les ambiances RnB de Rick Ross (produit par Jamie Foxx), sans oublier un morceau culte de Johnny Cash ! Aussi bizarre que cela puisse paraître sur le papier, l'ensemble fonctionne très bien et Tarantino a une nouvelle fois compilé une bande-son instantanément culte !
"Django Unchained" est un film surprenant ! Parce-qu'il n'est finalement pas tant que ça un western-spaghetti, parce-qu'il explore l'esclavagisme sous un angle délibérément inhabituel, parce-qu'il contient des personnages riches et attachants, parce-que son scénario est beaucoup plus léger qu'il n'en a l'air et parce-que sa mise en scène est régulièrement hyper-soignée ! Ce qu'on n'attendait pas en revanche, c'est l'humour présent dans le métrage. Je ne crois pas avoir déjà autant ri devant un film de Tarantino (sauf peut-être "Pulp Fiction" mais dans un registre différent) et c'est aussi inattendu que bienvenu (même si c'est parfois un peu poussif) ! Des dialogues aux petits oignons comme ça et des acteurs qui se régalent comme le font Christoph Waltz et Leonardo DiCaprio, on en redemande !!!
Mais je ne peux m'empêcher d'apposer un gros bémol sur la dernière partie du film, la moins réussie, et qui semble être une pièce rapportée exagérée et dissonante par rapport à tout le reste ! Tarantino a toujours entretenu des rapports étranges avec l'équilibre scénaristique de ses films (voir par exemple les dialogues interminables de "Boulevard De La Mort" en comparaison avec son incroyable poursuite automobile finale, ou encore un "Kill Bill Vol. 1" frénétique qui se voit plombé par le final hyper bavard de "Kill Bill Vol. 2"), donc l'homme est plutôt coutumier du fait. Mais c'est tout de même un peu dommage car on pouvait penser que le maître avait réglé ce problème avec son "Inglorious Basterds" quasi-parfait. De toute façon, ses films n'ont jamais fait l'unanimité et ce n'est pas avec "Django Unchained" que ça va changer...
L'idée pour Tarantino d'écrire et de réaliser un film qui parlerait de la période esclavagiste des Etats-Unis sous la forme d'un western-spaghetti remonterait à 2007, même s'il n'a terminé d'écrire son script qu'en 2011. Le titre du film (et le nom de son personnage principal) fait d'ailleurs référence à un western-spaghetti italien de 1966 simplement nommé "Django" (qui bénéficie actuellement d'un sacré coup de projecteur grâce au film de Tarantino et une ressortie en DVD bien opportune) réalisé par Sergio Corbucci dont l'acteur principal, Franco Nero, fait d'ailleurs une petite apparition dans "Django Unchained". Le titre s'inspirerait également du péplum franco-italien de 1959 "Hercule Et La Reine De Lydie" qui avait été renommé "Hercules Unchained" aux Etats-Unis.
Pour le scénario, Quentin Tarantino est notamment allé piocher du côté de "Mandigo", un film réalisé par Richard Fleischer en 1975, qui raconte l'histoire d'un esclave entrainé pour des combats à mort et à mains nues. Enfin, les quelques scènes de "Django Unchained" se déroulant dans des décors neigeux seraient des références au film "Le Grand Silence", un autre western-spaghetti réalisé par Sergio Corbucci en 1968.
Côté casting, le personnage de Django avait à l'origine été écrit pour Will Smith mais celui-ci a refusé le rôle qui est finalement revenu à Jamie Foxx ("L'Enfer Du Dimanche", "Collateral", "Ray", "Jarhead", "Miami Vice", "Le Royaume" et bientôt en grand méchant dans "The Amazing Spider-Man 2"). Pour le second rôle le plus important de son film, Tarantino fait à nouveau appel à l'acteur autrichien Christoph Waltz (l'incroyable Colonel Hans Landa de "Inglorious Basterds"). Samuel L. Jackson (qui a participé à presque tous les films de Tarantino jusqu'ici de façon plus ou moins visible par le spectateur, à l'exception de "Reservoir Dogs" et "Boulevard De La Mort") est à nouveau de la partie, tandis que le réalisateur travaille pour la première fois avec Leonardo DiCaprio. On notera également la présence de Don Johnson (la série TV "2 Flics À Miami") au casting, ainsi que quelques autres acteurs ayant déjà travaillé avec Quentin Tarantino et que seuls les fans les plus assidus arriveront à reconnaître lors de leurs brèves apparitions dans "Django Unchained"...
Kevin Costner, Kurt Russell, Sacha Baron Cohen ("Borat", "Brüno", "The Dictator") et Joseph Gordon-Levitt ("The Dark Knight Rises", "Looper") se sont tous vus proposer des rôles dans ce film, mais la plupart d'entre-eux a dû refuser car ils n'étaient pas disponibles pour le tournage. Les personnages qu'ils devaient interpréter ont d'ailleurs été retirés du scénario final. Le personnage écrit pour Jonah Hill ("Supergrave", "21 Jump Street") a connu le même sort mais l'acteur a fini par se libérer le temps de tourner une courte scène, totalement différente de celle qui lui était destinée au départ.
L'histoire : en 1858, Django est un esclave récemment acquis par les frères Speck. Mais le dentiste ambulant / chasseur de primes d'origine allemande King Schultz souhaite le leur racheter car il pourrait l'aider à reconnaitre les frères Brittle qu'il recherche actuellement. En échange de son aide, Django aimerait que Schultz l'aide à retrouver sa femme Broomhilda qui a été rachetée par l'impitoyable Calvin Candie...
Mine de rien, ça fait déjà longtemps que le cinéma de Tarantino penche du côté du western ! On pouvait déjà en deviner des éléments plus ou moins discrets dans "Pulp Fiction", "Kill Bill" ou "Inglorious Basterds", mais là, ça y est, il y va pour de bon avec "Django Unchained" ! Les paysages américains à perte de vue, la nature très présente, les costumes, les chevaux, et même les zooms ultra-rapides sur les visages à la Sergio Leone (déjà vus dans "Kill Bill" également), oui effectivement on a affaire à un western, mais à la sauce Tarantino ! Ce qui signifie que le film n'est pas qu'un western-spaghetti, mais aussi un mélange des diverses influences du réalisateur. Certaines règles du genre sont respectées et d'autres bafouées, mais qu'importe, le contraire aurait été surprenant de toute façon ! En termes de mise en scène, on a connu Tarantino un peu plus déjanté, mais au moins on évite le grand n'importe-quoi de "Kill Bill" tout en se rapprochant de la relative sobriété de "Inglorious Basterds" (avec des flash-backs et des décors variés mais surtout en intérieurs). Les lumières utilisées sont assez différentes d'une scène à l'autre, alternant entre quelques éclairages ultra-blancs en intérieurs ou extérieurs et les couleurs très chaudes des maisons de Calvin Candie. Un peu comme le film lui-même, qui alterne entre les extérieurs estivaux et les scènes hivernales. Depuis "Kill Bill" (et sans exception dans "Boulevard De La Mort" et "Inglorious Basterds"), Quentin Tarantino semble avoir envie de faire couler des litres de sang dans ses films, et "Django Unchained" ne déroge pas à la règle grâce à une poignée de scènes (surtout une en fait !) où les flots d'hémoglobine sont très présents, peut-être même un peu trop ! Pas parce-que je suis sensible à la vue du sang (qui est visiblement très faux ici), mais parce-que la quantité ne fait pas la qualité ! Franchement, même le combat de la mariée contre les hommes d'O-Ren Ishii dans "Kill Bill Vol. 1" parait bien sobre face aux litrons de sang versés dans une seule scène de "Django Unchained". Bon, à la limite c'est plutôt marrant, mais un poil "too much" quand-même...
(Une nouvelle fois, Christoph Waltz vole la vedette à tous les autres acteurs du film...)
S'il y a un aspect du film sur lequel Quentin Tarantino ne s'est pas foulé, c'est celui du scénario ! OK, le scénariste/réalisateur a déjà prouvé qu'il pouvait faire des films surprenant et riches même si leur scénario pouvait être résumé en une seule phrase, comme avec "Kill Bill" et "Boulevard De La Mort". Mais je reste persuadé qu'on pouvait en attendre davantage de "Django Unchained" ! Certains des enjeux présentés dans les bande-annonces comme étant très importants sont finalement expédiés en un temps record, et certaines scènes (comme celle des hommes cagoulés qui est hilarante) ne sont clairement dans le film que pour le temps d'un gag !!! Très étrange comme équilibre scénaristique... mais la partie la plus problématique du film est clairement sa dernière demi-heure où tout semble expédié à la va-vite (et ça se sent un peu trop !) sans la moindre cohérence avec ce qui a été exposé durant les deux heures précédentes (oui, le film dure 2h44 !). Cette dernière partie du film m'a clairement gâché la fête. Tarantino a certainement eu envie de s'éclater à partir du moment où l'histoire prend un tournant inattendu (la seule vraie surprise dans l'intégralité du film), mais il fait alors voler en éclat toute la crédibilité acquise jusque-là par ses personnages ! Dommage...
(Difficile de rester de marbre devant les exubérances de Leonardo DiCaprio, qu'elles soient drôles ou graves...)
Heureusement, avant cette dernière section du film, il y a deux heures de dialogues extrêmement bien écrits et récités de manière souvent jouissive par des acteurs inspirés et au sommet de leur forme. Celui qu'on retiendra en priorité est bien sûr le docteur King Schultz (Christoph Waltz), absolument génial avec son élocution parfaite et son air détaché, même lorsqu'il est très sérieux ! Il ne devance Calvin Candie (Leonardo DiCaprio) que d'une courte tête car ce dernier est tout aussi riche et intriguant, notamment à cause du fait qu'il balance sans cesse entre la légèreté la plus infantile et la violence la plus effrayante ! On retiendra aussi l'incroyable performance d'un Samuel L. Jackson méconnaissable (surtout quand on l'a vu il n'y a pas si longtemps dans le rôle de Nick Fury dans "Avengers") dans la peau de Stephen, un serviteur zélé qui fait basculer tout l'équilibre du film dès son apparition ! Difficile en revanche de s'extasier devant la prestation de Jamie Foxx dans le rôle de Django, sans toutefois pouvoir l'attribuer clairement à l'écriture du personnage ou au jeu de l'acteur. Le souci provient peut-être du fait qu'il parait bien fade aux côtés de personnages aussi hauts en couleurs que King Schultz, Calvin Candie ou Stephen, ou alors du fait qu'on a du mal à comprendre les différences entre certaines de ses attitudes (de la passivité la plus complète à l'arrogance la plus totale). Bref, il a beau être le personnage central du film, je trouve que c'est le moins réussi et le plus incohérent...
Impossible d'évoquer un film de Quentin Tarantino sans un mot sur sa bande-originale ! Une nouvelle fois, l'éclectisme est de mise grâce à de véritables extraits de western-spaghetti (par le biais de vieux thèmes d'Ennio Morricone et même le générique original du "Django" de 1966) mêlés à des titres beaucoup plus modernes comme un remix d'un titre de James Brown avec du 2Pac ou encore les ambiances RnB de Rick Ross (produit par Jamie Foxx), sans oublier un morceau culte de Johnny Cash ! Aussi bizarre que cela puisse paraître sur le papier, l'ensemble fonctionne très bien et Tarantino a une nouvelle fois compilé une bande-son instantanément culte !
"Django Unchained" est un film surprenant ! Parce-qu'il n'est finalement pas tant que ça un western-spaghetti, parce-qu'il explore l'esclavagisme sous un angle délibérément inhabituel, parce-qu'il contient des personnages riches et attachants, parce-que son scénario est beaucoup plus léger qu'il n'en a l'air et parce-que sa mise en scène est régulièrement hyper-soignée ! Ce qu'on n'attendait pas en revanche, c'est l'humour présent dans le métrage. Je ne crois pas avoir déjà autant ri devant un film de Tarantino (sauf peut-être "Pulp Fiction" mais dans un registre différent) et c'est aussi inattendu que bienvenu (même si c'est parfois un peu poussif) ! Des dialogues aux petits oignons comme ça et des acteurs qui se régalent comme le font Christoph Waltz et Leonardo DiCaprio, on en redemande !!!
Mais je ne peux m'empêcher d'apposer un gros bémol sur la dernière partie du film, la moins réussie, et qui semble être une pièce rapportée exagérée et dissonante par rapport à tout le reste ! Tarantino a toujours entretenu des rapports étranges avec l'équilibre scénaristique de ses films (voir par exemple les dialogues interminables de "Boulevard De La Mort" en comparaison avec son incroyable poursuite automobile finale, ou encore un "Kill Bill Vol. 1" frénétique qui se voit plombé par le final hyper bavard de "Kill Bill Vol. 2"), donc l'homme est plutôt coutumier du fait. Mais c'est tout de même un peu dommage car on pouvait penser que le maître avait réglé ce problème avec son "Inglorious Basterds" quasi-parfait. De toute façon, ses films n'ont jamais fait l'unanimité et ce n'est pas avec "Django Unchained" que ça va changer...
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