Critique ciné : Resident Evil - Retribution

J'entretiens une relation étrange avec la saga des films estampillés "Resident Evil" et inspirés de la série de jeux vidéo du même nom. Je les ai quasiment tous vus au cinéma et pourtant je les déteste tous sans exception ! Appelez ça du masochisme cinématographique si vous voulez, mais une chose est sûre pour moi : je continue de m'intéresser à ces films car j'ai envie de savoir ce qu'a massacré Paul W.S. Anderson cette fois. Car oui, je continue de croire que ces films sont censés être proches des jeux, et oui, je connais le nom de l'homme qui insulte les fans de "Resident Evil" en faisant des films lamentables depuis maintenant 10 ans : Paul W.S. Anderson ! D'ailleurs Milla Jovovich est également à blâmer puisqu'elle porte tous les films sur ses épaules depuis le tout début de cette sombre histoire.

Car avant 2002, le réalisateur britannique Paul W.S. Anderson était (assez peu) connu pour n'avoir réalisé que "Mortal Kombat" (1995) , "Event Horizon" (1997) et "Soldier" (1998). Milla Jovovich, elle, était déjà un peu plus célèbre pour avoir partagé la vie de Luc Besson et être apparue dans les rôles principaux de deux de ses films, à savoir "Le Cinquième Élément" (1997) et "Jeanne D'Arc" (1999). Et c'est à l'occasion de l'adaptation ciné d'une des plus grosses franchises vidéoludiques des années 90 que les vies professionnelles et privées de ces deux personnes se sont croisées.

(Cliquez sur les titres des films ci-dessous pour revoir leur bande-annonce d'origine)

"Resident Evil" de Paul W.S. Anderson (2002) :

La déception fut à la hauteur de l'attente : colossale ! OK, le film reprenait des éléments du jeu (manoir, train, conspiration, trahison, test à grande échelle, virus, plan interactif des lieux, pièges mortels et bien sûr les zombies) mais l'histoire n'avait strictement aucun rapport et on se rapprochait plus d'un techno-thriller empruntant quelques scènes aux films de zombie classiques que d'un vrai moment de flippe comme on pouvait en connaitre dans les versions consoles. Pire : aucun des personnages des jeux n'étaient présents et si la société à l'origine de l'incident ne s'était pas appelée Umbrella et que la grosse bête finale n'était pas directement inspirée du "Licker" visible dans le jeu "Resident Evil 2" (1998), on pouvait sérieusement se demander en quoi ce film était une adaptation du jeu du même nom. Mais c'était sans compter sur l'imagination débordante de Paul W.S. Anderson qui était également chargé de l'écriture du scénario de son film (qu'il a également co-produit) et qui a pensé que le meilleur moyen d'adapter ce jeu sur grand écran était d'en faire une version moderne et zombifiée du conte d'Alice au pays des merveilles. C'est donc pour cette raison que l'héroïne du film (interprétée par Milla Jovovich) se nomme Alice, tandis que le Hive (la base souterraine d'Umbrella) symbolise le trou du lapin blanc. Avec un budget de 33 millions de dollars et des recettes de plus de 102 millions, le succès est suffisant pour mettre en route une suite, malgré l'insulte faite aux fans des jeux. On se souviendra tout de même de ce qui reste encore aujourd'hui la scène la plus emblématique de toute la série : le couloir piégé par des lasers où l'un des personnages se fait découper en petits cubes...

"Resident Evil : Apocalypse" d'Alexander Witt (2004) :

Cette fois, Paul W.S. Anderson, qui partage désormais la vie de Milla Jovovich, se contente de co-produire et d'écrire le scénario, et il passe la main à un réalisateur chilien dont c'est encore aujourd'hui le seul film (mais qui est connu pour avoir été le réalisateur de la seconde équipe de tournage de très nombreux films, et pas des moindres comme l'atteste cette liste impressionnante). Et dans cette suite, les fans des jeux ont un peu plus d'éléments connus à se mettre sous la dent puisque ce sont dans les rues de Raccoon City (comme dans les seconds et troisièmes jeux) que se déroulent les événements où se croisent cette fois Jill Valentine (interprétée par Sienna Gilory) et Carlos Olivera (interprété par Oded Fehr), qui se croisaient déjà dans le jeu "Resident Evil 3 : Nemesis" où figurait également l'effrayant Nemesis qui se retrouve ici ridiculisé par le biais d'un acteur au masque figé et juché sur de hautes chaussures à semelles compensées. C'est à partir de ce film que la saga prend son virage très orienté action et que l'importance du scénario commence à diminuer, précisément à partir de la scène où Alice fait son entrée dans l'église en traversant un vitrail dans un énorme saut à moto ! Le budget est cette fois de 45 millions de dollars et les recettes dépassent les 129 millions. Il est donc logique que la saga ne s'arrête pas là...

"Resident Evil : Extinction" de Russell Mulcahy (2007) :

Paul W.S. Anderson est toujours à la co-production et à l'écriture. Il engage le réalisateur du premier film "Highlander" (1986) et cette fois il plonge Alice dans un monde post-apocalyptique qui n'a rien à envier à (traduction : qui est complètement pompé sur) celui des films "Mad Max". Carlos Olivera est toujours là, mais Jill Valentine a complètement disparu et n'est jamais mentionnée dans le film. A sa place, on trouve Claire Redfield (Ali Larter) sortie de nulle part et issue des jeux "Resident Evil 2" et "Resident Evil - Code : Veronica". Le scénario se fait de plus en plus mince, les scènes d'action sont encore plus présentes et Alice possède cette fois des pouvoirs dignes d'un Jedi qu'elle utilise notamment dans un combat final très rapidement avorté contre le pourtant mythique Tyrant, le dernier boss du tout premier jeu vidéo. Si le budget s'élève une nouvelle fois à 45 millions de dollars, les recettes atteignent cette fois près de 148 millions. Pourquoi s'arrêter là ?

"Resident Evil : Afterlife" de Paul W.S. Anderson (2010) :

Paul W.S. Anderson reprend la main sur sa saga de films et repasse derrière la caméra, tout en continuant d'assurer la co-production et l'écriture du scénario. Quoique cette fois, il n'y a quasiment pas de scénario et le film connait d'ailleurs un long passage à vide après une scène d'introduction pourtant très musclée. Les scènes d'action sont rares et sont artificiellement rallongées par de trop nombreux ralentis inutiles, les quelques éléments de scénario sont inintéressants ou largement prévisibles, et si l'un des personnages phares des jeux-vidéos y fait enfin son apparition (Chris Redfield, interprété par Wentworth Miller), c'est pour être ridiculisé de A à Z par le biais d'une interprétation exécrable et d'un rôle finalement très mineur dans le déroulement des événements. Bref, il s'agit de loin du film le plus minable de la saga et avec un budget incompréhensible et en hausse qui atteint cette fois 60 millions de dollars, le film bat des records au box-office et rapporte plus de 296 millions !!! Bon ben là effectivement ils auraient tort de se priver de continuer à massacrer la saga et c'est donc naturellement 2 ans plus tard que le gagne-pain favori de Paul W.S. Anderson et Milla Jovovich revient sur grand écran avec un nouvel épisode nommé "Resident Evil : Retribution"...

(Au moins cette affiche ne ment pas sur ce qu'on va voir le plus...)

L'histoire : Alice continue son combat contre Umbrella.

Oui, parce-que ce n'est pas la peine de faire comme si les scénarios de ces films étaient vraiment importants, vu qu'ils ont sans cesse décliné (en termes d'importance et de qualité) au fur et à mesure des films... Mais bon, dans "Resident Evil : Retribution", on reprend exactement là où se terminait "Resident Evil : Afterlife", c'est-à-dire l'assaut mené par Jill Valentine (toujours interprétée par Sienna Guilory mais méconnaissable car devenue blonde et méchante depuis le second film à cause d'un scarabée rougeoyant fixé sur sa poitrine) contre le tanker où se trouvent Alice, Chris Redfield et Claire Redfield. Heu... non en fait il n'y a plus qu'Alice (et des dizaines d'innocents qui courent dans tous les sens) sur ce tanker car Chris et Claire ne figurent pas dans ce 5ème film. Et je vous déconseille de vous demander pourquoi car vous n'aurez jamais la réponse...

(Paul W.S. Anderson se prend pour un esthète lorsqu'il refait les mêmes scènes que dans son film précédent et qu'il les passe à l'envers... pour les repasser à l'endroit quelques secondes plus tard !)

En revanche, si vous avez regardé les bande-annonces, vous n'avez pas pu rater le fait que beaucoup de personnages morts dans les films précédents sont bien présents dans "Resident Evil : Retribution" ! On retrouve en effet James "One" Shade (le chef du commando qui se faisait découper en petits cubes dans le 1er film, interprété par Colin Salmon), Rain Ocampo (le personnage interprété par Michelle Rodriguez dans le 1er film, qui est ici présenté comme un argument commercial dans la campagne de promotion) et Carlos Olivera (toujours interprété par Oded Fehr, comme dans le 2ème et le 3ème film). En ce qui les concerne, il y a une raison qui explique leur retour présence mais il ne faut pas s'attendre à ce que ce soit très développé ni à ce que ça tienne vraiment la route, car au fond tout ça est très gratuit et en y réfléchissant un peu, le film serait quasiment identique même sans eux... La palme du nombre de scènes inutiles revient d'ailleurs à Michelle Rodriguez qui est régulièrement présente dans le film alors que certaines de ses apparitions auraient pu être interprétées par n'importe-qui ! En tout cas, en voilà une qui a bien négocié son contrat et qui peut certainement se permettre de le faire depuis qu'elle a joué dans "Avatar" avec le box-office record qu'on lui connait...

(Non, sérieusement Michelle Rodriguez, dans ces scènes-là tu ne sers strictement à rien !)

Mais attendez, il y a aussi Wesker (interprété par Shawn Roberts depuis le film précédent, alors que c'était un autre acteur pour le 3ème film) dans "Resident Evil : Retribution" ! Même s'il était mort (à la manière d'un super-héros) en explosant au large à bord de son hélicoptère à la fin du film précédent, il est bien là ! Mais en ce qui le concerne c'est un peu différent des personnages cités ci-dessus, car même s'il a un rôle très important dans les nouvelles aventures d'Alice, on ne prend jamais la peine de nous expliquer comment il a fait pour être de retour ni ce qui a pu le motiver à endosser un nouveau rôle totalement contradictoire ave ce qu'il faisait avant. Non, c'est juste comme ça maintenant et puis c'est tout ! Et après tout, ce n'est pas si grave, c'est juste le cœur du scénario de ce nouveau film !!!

(Oui oui, c'est bien la même Jill Valentine que dans le second film !)

Mais Paul W.S. Anderson, dans son infinie bonté, n'a pas oublié d'inclure de nouveaux personnages issus des jeux-vidéo dans le scénario de son 5ème film. Ce sont donc Ada Wong (issue de "Resident Evil 2" et "Resident Evil 4" et interprétée par la jeune chinoise Li Bingbing), Barry Burton (inoubliable personnage secondaire du tout premier "Resident Evil" joué ici par Kevin Durand qu'on avait déjà pu voir dans "X-Men Origins : Wolverine" ou "Real Steel"), et Leon S. Kennedy (le personnage principal de "Resident Evil 2" et "Resident Evil 4" qui est ici interprété par Johann Urb) qui apparaissent ici pour la première fois dans les films inspirés de la saga. Mais encore une fois, on ne prend pas la peine de nous expliquer d'où viennent ces personnages. Tout ce qui compte, c'est qu'ils soient là et qu'ils soient habillés comme dans les jeux (ce qui est d'ailleurs un non-sens total en ce qui concerne Ada Wong) ! Bref, c'est une nouvelle fois totalement gratuit et si Leon S. Kennedy est plutôt bien interprété et qu'Ada Wong a de jolies cuisses, on ne pourra qu'éclater de rire (pour se moquer) devant certaines scènes d'un Barry Burton complètement raté et qui n'a pas grand-chose à voir avec son équivalent des jeux-vidéo (si ce n'est son arme fétiche)...

(Si Leon est plutôt réussi visuellement parlant, Luther le survivant du 4ème film, à droite sur l'image, ne sert toujours à rien !)

D'ailleurs tout ces personnages restent de toute façon très secondaires car le centre du film c'est bien Alice, encore Alice et toujours Alice !


(Donc si j'ai bien suivi, dans cette bande-annonce Alice fait de la pub pour les produits Sony sur fond de musique des Who qui s'enchaine sur la bande-originale du film "Tron - L'Héritage" en montrant la plupart des décors du film...)

Car Paul W.S. Anderson ne se lasse pas de mettre Milla Jovovich en avant dans toutes les scènes ! Et ça n'a jamais été aussi vrai car celle-ci arbore cette fois une tenue moulante en latex qui n'a rien à envier à celle de Sélène dans la saga "Underworld". Il semble même que Paul W.S. Anderson prenne un malin plaisir à filmer les fesses de sa femme ou à la mettre en scène dans des passages où elle ne porte pas grand-chose sur elle et où elle vient de se réveiller avec un gros plan sur son œil qui s'ouvre (un plan qui revient d'ailleurs dans tous les films). Mouais, ça commence franchement à être "too much" d'autant que le réalisateur multiplie une nouvelle fois les ralentis qui tirent en longueur et les positions toujours plus acrobatiques de sa femme dont le personnage est pourtant supposé avoir perdu tous ses pouvoirs spéciaux dans le film précédent ! Mais au moins, dans "Resident Evil : Retribution", les scènes d'action sont nombreuses et régulières, et même si elles n'ont rien de très original, cela constitue l'un des rares points positifs de ce film (malgré le fait que cela ne suffise pas à faire oublier la bêtise de son scénario ou de ses dialogues). Car même les motivations du personnage d'Alice (qui n'avaient plus besoin de justification depuis le second film) évoluent légèrement à partir du milieu du métrage, et si cela n'a évidemment aucun sens, on ne pourra qu'y voir un lien avec le fait que Milla Jovovich soit maman d'une petite fille depuis 2007...

(Quand je vous dis que ça ressemble de plus en plus à "Underworld" !)

Donc côté réalisation, il n'y a rien de bien neuf à se mettre sous la dent si ce n'est une alternance entre de courts dialogues insensés ou inintéressants et des scènes d'action "over the top" mêlant combat rapproché et fusillades en tout genre (au ralenti bien sûr) ! Paul W.S. Anderson trouve même le moyen de réintroduire des scènes de destruction urbaine dans la saga, alors que la Terre est censée être un gigantesque désert depuis le 3ème film, grâce à un nouvel élément de scénario toujours aussi gratuit et ne servant que de prétexte à la mise en scène de ces passages. D'ailleurs, Mr. Anderson aimait visiblement tellement l'introduction du 4ème film à Tokyo qu'il s'amuse à la refaire quasiment à l'identique ! Ça ne sert pas à grand-chose, mais le couple Anderson/Jovovich se fait plaisir et c'est visiblement tout ce qui compte ici, au détriment de toute logique ou continuité. D'ailleurs, Paul W.S. Anderson ne sait décidément pas comment boucler ses plus grosses scènes d'action, car la plupart d'entre-elles se finissent généralement de façon très abrupte et soudaine (et stupide) après avoir tiré en longueur pendant de longues minutes à grands coups de ralentis. On avait déjà relevé ces défauts dans les films précédents (notamment lors des affrontements contre le Nemesis ou le Tyrant dans le 2ème et le 3ème film) mais là on atteint des sommets, surtout lors de l'affrontement contre les Axemen armés de haches géantes ou lors du double-combat final. C'est d'ailleurs l'occasion de constater que ce nouveau film ne propose aucun nouveau méchant et se contente de recycler les zombies au mandibules hypertrophiées et les Axemen du 4ème film ainsi que les Lickers également hypertrophiés et la principale entité malfaisante du premier film (qui a désormais une vision similaire à celle d'un Terminator). Ah si, il y a quelques zombies qui sont capables de faire des trucs inédits à Moscou mais franchement ça aurait été exactement pareil s'ils avaient mis de simples soldats d'Umbrella à leur place...


(J'ai encore du mal à croire le nombre de mensonges qu'on essaie de nous faire avaler dans ce trailer...)

Paul W.S. Anderson n'en finit plus d'insulter ouvertement les fans de la saga "Resident Evil" et si le scénario de ses films n'a plus d'importance (ni de sens) depuis longtemps, il arrive tout de même à aller toujours plus loin en termes de trahison de l'esprit du jeu et de ses personnages. Pour donner un équivalent du massacre perpétué ici, c'est un peu comme si on faisait un film tiré des jeux "Mario Bros." où on verrait un personnage inventé pour l'occasion faire équipe avec Luigi et Bowser pour aller défoncer la tronche de la démoniaque princesse Peach tandis que Mario est laissé pour mort suite à un affrontement avorté avec une plante carnivore...

C'est donc un ramassis d'incohérences et d'aberrations que ce dernier film structuré comme un jeu-vidéo  ! Et malheureusement "Resident Evil : Retribution" ne sera sûrement pas le dernier de la série puisqu'il a déjà réalisé un meilleur box-office (provisoire) que n'importe-lequel des 3 premiers films ! Bien entendu, les chiffres des deux derniers films en date sont gonflés grâce au surcoût du billet pour voir le film en 3D (qui est d'ailleurs digne d'une projection de parc d'attraction), alors que l'effet est quasiment le même lorsqu'on voit le film en 2D ! Bref, j'avoue être complètement dépassé par le succès de ces films lamentables, et même si "Resident Evil : Retribution" tient à peu près ses promesses en termes d'action à gogo, je me désespère déjà du 6ème film qui verra certainement e jour d'ici 2 ou 3 ans...

(En fait, c'est plutôt cette affiche-là qui est la plus représentative de ce qu'on voit dans le film...)

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