Critique ciné : Chappie

Le réalisateur/scénariste Neill Blomkamp a surpris tout le monde avec District 9 (2009), puis il a globalement déçu avec Elysium (2013), son premier film à gros budget (115 millions de dollars) aux visuels toujours aussi impressionnants, mais au scénario bien plus simpliste et qui privilégiait l'action à la profondeur de ses personnages. Malgré le semi-échec (critique et financier) d'Elysium, il n'a pas perdu de temps et a décidé d'adapter son propre court-métrage Tetra Vaal de 2003 qui imaginait la police de Johannesburg aidée par des robots policiers. Revenant à un budget plus serré (49 millions de dollars), et s'inspirant aussi bien du manga Appleseed (pour le design du robot principal), que des jeux-video Metal Gear (pour le design de l'autre robot au centre du film), sans oublier la question de l'intelligence artificielle, il nous livre Chappie en 2015, un film particulièrement influencé par la plupart des thématiques abordées dans le film RoboCop de 1987 !


Les enjeux de Chappie sont divers, et pourtant assez simplistes, car on remarque d'emblée que les différents protagonistes sont assez caricaturaux : l'ingénieur militaire incarné par Hugh Jackman (qui reprend pour l'occasion son accent australien d'origine) est un peu trop bas du front, tandis que le jeune nerd incarné par Dev Patel (Slumdog Millionaire) est un peu fade et beaucoup trop naïf par rapport à l'endroit où il travaille. On regrettera également que la présence de Sigourney Weaver se résume à quelques scènes qui n'exploitent jamais le talent de l'actrice. Impossible en revanche de passer à côté de Ninja et Yo-Landi (du groupe de rap-rave sud-africain Die Antwoord) qui interprètent plus ou moins leur propre rôle en version gangsta et qui apportent un côté visuel très cyberpunk plutôt bienvenu dans un film avec des robots, malgré les réserves que l'on pourrait adresser ici et là à la qualité de leur jeu d'acteur.

Mais celui qui vole la vedette à tout le monde, c'est bien entendu Sharlto Copley, le grand copain (d'enfance) du réalisateur Neill Blomkamp qui prête sa voix et ses mouvements au fameux Chappie, dans une prestation mêlant force et sensibilité qui prouve une nouvelle fois à quel point le réalisateur est à l'aise dans le domaine des effets spéciaux. On ne doute en effet jamais de la véracité des interactions entre les humains et le robot, malgré le fait que ce dernier n'était pas forcément physiquement présent lors du tournage de toutes les scènes (il était en revanche remplacé par Sharlto Copley qui agissait en tant que doublure et référence gestuelle pour les animateurs qui ont ensuite intégré le robot).



On peut éventuellement reprocher à Chappie sa grande naïveté, notamment dans le traitement un peu trop survolé de certaines technologies pourtant au cœur de l'histoire, mais aussi pour ses personnages qui frôlent régulièrement le ridicule, sans parler des enjeux finalement assez simplistes. Pourtant, le film est une belle réussite parsemée de beaux moments d'émotion, qui fonctionnent certainement encore plus si on est sensible à l'évolution de la robotique, mais aussi de bonnes grosses phases d'action qui s'avèrent moins gratuites et plus lisibles que dans Elysium.

On aurait tort d'enterrer le talent de Neill Blomkamp à la vue de l'échec incompréhensible de Chappie en salles ! D'une part car le metteur en scène se fait avant tout plaisir en s'inspirant des icônes cultes de sa génération comme le RoboCop original, Appelez-moi Johnny 5 (Short Circuit 2 en VO) ou encore Blade Runner, mais d'autre-part car il le fait avec une grande honnêteté et une véritable volonté de divertir et d'en mettre plein la vue, sans toutefois se prendre pour un esthète (qui a dit Michael Bay ?), et pour un budget nettement inférieur à celui de certains de ses camarades.

Donc pour résumer : malgré quelques défauts évidents mais qui ne m'ont pas gâché le film, j'ai tout simplement adoré Chappie que j'ai envie de comparer à une sorte de Real Steel (qui contenait aussi des robots, Hugh Jackman, des défauts très visibles, mais pourtant de sublimes moments d'émotion et des effets spéciaux très impressionnants) en version adulte ! Et maintenant je me demande, comme tout le monde, ce que va faire Neill Blomkamp pour son futur Alien 5 qui devrait marquer le grand retour d'Ellen Ripley au cinéma...

Commentaires

F. a dit…
Je partage ton sentiment sur Chappie.

Mais je défend Elysium pour moi c'est un film culte pour tous les 'à côté' (cad en dehors de la trame et sa résolution) : univers, design, sfx, interprétation, jeux sur les accents et les langues, montage, technologie ...

N. Blomkamp est vraiment le digne enfant du mouvement cyberpunk au cinéma (80/ 90) et cela depuis le début de sa carrière. Et ces influences transpirent dans ses images/

Concernant Chappie, je le trouve excellent pour les mêmes raisons avec les mêmes réserves. J'ajouterai une résolution de l'intrigue assez faible et approximative (surtout technologiquement pour pas spoiler) et certaines incohérences de situation (exemple: on entre comme dans un moulin, et on se ballade très facilement dans les locaux d'une world company qui vend des armes high tech de sécurité, wtf !). Mais ce qui pourrait être des défauts majeurs pour d'autres films (Prometheus ???) s'efface devant tous le reste. C'est peut être la le plus grand talent de NB.
C'est toujours un plaisir de voir un réalisateur avec une vrai signature visuelle et des films qui s'enchaînent aussi logiquement.

Vivement Alien 3bis ;)

F.
Draven a dit…
Je te rejoins tout à fait sur le côté générationnel de Neill Blomkamp, qui doit particulièrement parler aux trentenaires comme moi. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'aime aller chercher les différentes œuvres qui ont pu inspirer ses films, notamment dans le cas d'Elysium : http://www.dravensworld.net/2013/04/les-influences-presumees-delysium-le.html

Et je suis également d'accord sur le fait que ce qui pouvait être insupportable dans Prometheus ne gâche pas forcément Chappie. Et c'est pour une raison simple : Neill Blomkamp n'oublie pas en route que ses films sont avant tout de bons gros divertissements, et il ne tente jamais de se prendre trop au sérieux. Cela se ressent dans le produit fini et ça change beaucoup ma perception.

Je reste également très fan de l'univers de Blomkamp et j'espère qu'il ne se trahira pas trop en s'attaquant à une grosse licence comme Alien.
Anonyme a dit…
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