Critique ciné : Les Immortels

Honnêtement, la première fois que j'ai vu le trailer de "Les Immortels", je me suis dit : "c'est quoi ce mauvais mix entre "Le (déjà très mauvais) Choc Des Titans" et le sublime "300", avec une pâle copie des effets spéciaux de ce dernier ???". Autant dire qu'il n'était pas question que j'aille voir ce qui avait tout l'air d'être une belle daube...

Et puis je me suis rendu compte que le réalisateur était un certain Tarsem Singh, un homme qui m'avait ébloui avec son thriller à la fois riche et dérangeant "The Cell" en 2000 (oui oui, le film bizarre avec Jennifer Lopez). Alors finalement je me suis laissé tenter, d'autant que c'était l'occasion de voir Henry Cavill (le futur Superman de Zack Snyder) sur grand écran, ainsi que le très rare Stephen Dorff (le méchant Frost du premier film "Blade")...


L'histoire : Lorsque Hypérion, le roi de Crète, décide de libérer les Titans afin de renverser les Dieux de l'Olympe, ces derniers suivent de près les tribulations du jeune Thésée qui pourrait bien leur sauver la mise...

Dès les premières secondes du métrage, il y a une chose (que je présageais déjà dans le trailer) qui m'a fortement dérangé : tous les décors, qu'il s'agisse de grands paysages en images de synthèse ou de petits coins d'habitation, donc tous les décors dégagent une désagréable impression de faux ! Les décors de petite échelle semblent être des éléments en carton-pâte sortis d'un théâtre fauché, tandis que les images de synthèse sont lisses à souhait, à un tel degré que même les cinématiques de jeux-vidéos actuelles possèdent largement plus de grain !

Un grain d'ailleurs totalement absent de l'image générale de "Les Immortels". L'image est tellement crue que tous les défauts sus-cité sautent aux yeux pendant la totalité du métrage, ce qui risque de maintenir le spectateur hors du film pendant toute sa durée (ce fut mon cas). Et ce n'est pas la lumière orangée quasi-permanente et les quelques ralentis très anecdotiques qui pourront sauver la mise du film. A côté de ça, "300" pourrait presque passer pour une fresque historique et les détracteurs du film de Zack Snyder feraient bien de jeter un œil à "Les Immortels" afin de constater à quel point ce type de direction artistique peut être catastrophique et très artificielle lorsqu'elle est dans les mains de personnes peu inspirées.

En fait, visuellement, on a l'impression de regarder un téléfilm, et ça fait un peu mal au cul quand on a payé sa place de cinéma !

(Et encore... Vous n'avez pas vu les autres costumes de ces Dieux !)

Malheureusement, la direction des acteurs, les dialogues et la majorité des costumes ne font que renforcer cette impression désagréable d'être en train de regarder un (mauvais) téléfilm. Henry Cavill (Thésée) n'est pas mauvais mais il fait exactement tout ce qu'on attend de lui sans la moindre surprise, Stephen Dorff (Stavros) est insignifiant, Freida Pinto (l'oracle Phèdre) se contente la plupart du temps d'être très mignonne et disparaît mystérieusement pendant toute la dernière partie du film, tandis que l'un des personnages principaux est finalement si inutile qu'on ne lui attribue jamais de nom et que tout le monde se contente de l'appeler "le moine" (c'est également le nom qu'il porte dans le générique de fin). N'oublions pas Mickey Rourke (Hypérion) qui nous sert un méchant très classique, légèrement surjoué et qui se promène un peu trop souvent sans pantalon à mon goût...

Mais la palme du ridicule revient forcément aux Dieux de l'Olympe qui ne sont au final qu'une bande d'adolescents vêtus de costumes d'opéra ridicules en plastique ! Quoique les Titans qui ont l'air de pouilleux décérébrés ne sont pas mal non-plus dans leur genre...

Et le scénario ? C'est plutôt correct dans l'ensemble, mais sans la moindre originalité ni surprise. Enfin c'est correct si on excepte une scène en particulier (que je ne peux dévoiler en détails à cause de la politique "anti-spoiler" de ce blog) où un personnage semble soudainement se téléporter à un endroit supposé être difficile d'accès, rendant ainsi toutes les scènes précédentes complètement inutiles. On a également droit à quelques scènes relativement maladroites mais au moins on ne s'ennuie pas pendant 1h50...



Qu'est-il arrivé à Tarsem Singh ? Manque d'inspiration ? Manque de moyens ? Les deux ? Difficile à dire aujourd'hui mais "Les Immortels" s'avère décevant sur de nombreux points ! On sent tout de même qu'un gros travail a été effectué et quelques bonnes idées de mise en scène surgissent ici et là mais l'esthétique particulière du réalisateur et son sens de la symétrie s'effacent derrière un parti-pris visuel complètement factice et une narration sans la moindre ampleur. Heureusement que les combats sont particulièrement lisibles et hyper sanglants pour maintenir l'attention du spectateur.

Encore deux exemples qui m'ont fait mal aux yeux : un arc mythique est au cœur du film, or cet accessoire semble avoir été acheté au magasin de sport du coin et simplement peint en noir (alors qu'il est blanc dans le trailer ci-dessus, allez comprendre...) et incrusté de paillettes bon marché. Franchement ça le fait pas du tout !
D'autre part, une scène consacrée à l'un des Dieux de l'Olympe est complètement pompée sur l'introduction du premier jeu "God Of War" sorti sur PS2 en 2005. Il est clair que ces jeux ont servi d'inspiration pour le film (notamment pour le côté très violent) mais il aurait été plus intelligent que ce ne soit pas aussi flagrant !

Légèrement meilleur que "Le Choc Des Titans" mais à des années lumière de la richesse de "300", "Les Immortels" aurait dû sortir directement en DVD (et même là, j'aurais difficilement conseillé de l'acheter). A réserver uniquement à ceux qui rêvent de voir les cinématiques des jeux "God Of War" en film (mais sans le côté parfois grandiose de celles-ci).

Espérons que Tarsem Singh fera preuve de beaucoup plus d'inventivité avec son "Mirror, Mirror" (une nouvelle version du comte de Blanche-Neige avec notamment Julia Roberts dans le rôle de la méchante reine) qui sortira en 2012 !

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