J'ai écrit 31 nanofictions pour Writober 2020
Vous connaissez peut-être les initiatives du type Inktober qui consistent à réaliser un dessin par jour sur les réseaux sociaux durant le mois d’octobre. Inktober a été lancé en 2009 par le dessinateur de comics et illustrateur Jake Parker afin d'améliorer ses aptitudes au dessin.
En découvrant les chaînes d'assemblage désormais à l'abandon, je réalisais avec amertume que j'avais peu de chances désormais de croiser un autre modèle qui aurait pu m'éclairer sur les directives de mon programme secondaire.
C'était donc ça qu'on ressentait après avoir traversé un nanovortex ! La douleur de l'explosion de chaque molécule de mon ancien corps était réelle, mais le feeling de pouvoir désormais affronter les Durilex sans crainte de mourir était bien plus fort.
C'était une découverte historique : la plus grande bibliothèque onirique de ce quadrant de l'univers ! Des enregistrements classés par type de rêve et par ADN humain ou non-humain. Il ne restait plus qu'à trouver de quand tout ça datait...
Il ne restait plus que quelques mètres avant d'atteindre l'horizon des événements, mais j'avais soudain le sentiment que le trou noir me sondait, qu'il auscultait tout mon vécu à travers mon regard, pour juger si j'étais digne de ce franchissement.
L'interface vocale était fonctionnelle : je pouvais ainsi déployer ma robo-armée sur toutes les lunes à la fois en prononçant les mots idoines. Mais c'était tout de même moins vif que lorsque je pouvais le faire par la pensée, avant l'accident...
Il ne restait rien. La charge sismo-quantique avait tout pulvérisé sur plusieurs parsecs, des lunes entières avaient disparu avec leurs habitants, leurs cités, leur histoire, leur culture. Et pourtant elle revenait de là-bas avec son vaisseau intact !
Combien d'holo-sépultures ? Des millions ? Probablement. Une véritable forêt de monuments. Des soldats légendaires aux exploits rendus quasi-surnaturels par le temps. Et pourtant les guerres pour les anneaux de Saturne faisaient toujours rage.
Enfin débarrassé de toutes les parties de mon corps qui faisaient que je n'étais pas vraiment moi-même ! Plus besoin de ces muscles atrophiés ou de ces réflexes trop lents pour les champs de bataille de Korulan. J'étais désormais à 100% un robot !
Bon, après tout, je n'étais pas le premier à me faire voler une frégate de classe GLCTC. Il paraît qu'on peut facilement en trouver dans le système Ankoet, mais il ne me reste 42 crédits. Ça va être trop juste pour prendre le Quantube pour m'y rendre.
Les pirates prétendaient que le cantinier de cette station était un ancien monarque qui avait régné sur des systèmes éloignés où le kortanum coulait à flot. Il en aurait été exilé de force après un effacement partiel de sa mémoire.
En regardant les étoiles, les yeux dans le vague, je ne pouvais m'empêcher de me demander si on s'était installés sur la bonne lune pour repartir à zéro. En y réfléchissant bien, la vie était tellement plus simple autrefois, quand on habitait Mars.
On m'indiqua les débris de navette qui servaient d'échoppe au vieux klotorien, là-bas sur l'île au milieu de l'océan acide. On disait que son espèce savait fabriquer des horloges bien plus précises que nos vieux modèles atomiques désormais obsolètes.
C'était ma première visite d'un jardin. Des arbres, des fruits, des légumes, de l'herbe : tout était coloré et plein d'odeurs dans l'auto-serre de ce vaisseau. Mais si j'en crois les ebooks d'histoire, ce silence assourdissant n'était pas naturel.
Pour un pilleur d'épaves, la découverte d'un vaisseau de classe MGD-TH était toujours un événement ! Mais l'excitation avait vite laissé la place à un malaise, comme si la terreur de l'équipage au moment du DisruptX s'était imprégnée dans les murs.
Le veux colonel m'avait prévenu, mais c'était tout de même fascinant : sur cette planète, pendant les aurores polaires, les émanations d'azote donnaient des reflets à la roche, comme si des larmes en coulaient en souvenir de la Grande Collision.
Sur cette lune la nuit dure 160 heures terrestres. Ce ne serait pas gênant si ça n'était pas synonyme de tous ces bruissements qui ne démarrent que lorsque l'obscurité survient, alors que cette cité est censée être abandonnée depuis 831 cycles !
Cet exosquelette plutonien faisait de moi une vraie machine de combat. Le générateur d'ondes cérébrales levait mes phobies pour affronter plus sereinement les horreurs des guerres internes, mais il fallait que j'adapte le casque à mes mandibules.
Sous les glaces éternelles de cette planète se trouvaient de grandes cités millénaires. A l'envie d'en visiter les ruines s'opposait la peur d'y découvrir des informations qui feraient trembler les fondations de notre civilisation post-oxygène.
Naviguer dans la queue d'une comète n'était jamais chose aisée, surtout aux commandes d'un transporteur aussi obsolète. Mais ça restait le seul moyen de sortir gratuitement de ce système, sans être repéré par la guilde des dentistes.
J'ai largement assez roulé ma bosse dans les mines de plastique de ce quadrant. Il est grand temps de changer de nébuleuse et de viser plus haut pour devenir ce dont j'ai toujours rêvé : mécanicien spécialisé dans les hyperpropulsions au galactose.
Toutes les voix du bar se turent. Même celle de l'holo-radio. Même celles à l'extérieur, au 1138ème niveau. Cette secousse n'était pas normale, elle était forcément liée au conflit cybernucléaire qui venait d'éclater à l'antipode de la planète.
On m'avait parlé des vaisseaux de ce cimetière... Certains avaient été construits en orbite et n'étaient pas conçus pour rentrer dans l'atmosphère. Ils se dressaient maintenant, gigantesques, plantés comme d'anciens gratte-ciels à perte de vue.
Le passage de l'astéroïde télécommandé au ras du planétoïde avait laissé une trace visible sous la forme d'une tranchée de 3 000 km de long et de 150 km de large. Mais vu de l'espace, cela ressemblait à une douce cicatrice en cours de guérison.
L'extrême douleur au moment du décès lié à une démolécularisation pour cause de condensateur de galactose mal réglé perturbait le transfert vers le digitaliseur d'âmes. En conséquences, ces esprits mal uploadés continuaient à errer sans but.
Dans ce quadrant du secteur epsilon on ne croisait jamais personne. Et pour cause : la zone était strictement interdite à toute forme de vie. Seuls les vaisseaux automatisés pouvaient transiter vers et depuis les mondes producteurs de transuraniens.
Au delà de notre nébuleuse orangée appelée Autumn, on entrera dans une zone spatiale cachée de la lumière du soleil et dénuée de station relais. Là-bas ce sera comme l'hiver, et tout ce qu'on y emportera sera comme un vestige des jours ensoleillés.
Quelle drôle d'idée que ce musée ! Le devoir de mémoire est important, certes, mais qui voudrait voir ce lance-boulon plasmique ? Ce disrupteur de vortex ? Ce générateur de singularité ? Que des armes qui provoqué la fin de planètes alliées...
Ici, incognito, loin de chez moi, parmi les humains, je vais revenir en arrière en matière de découvertes scientifiques et d'avancées sociales, mais je vais aussi découvrir une façon de penser différente de mon algorithme cérébral habituel.
Il faut bien que je me résolve à affronter l'évidence : la vie sans soleil est possible sur cet astéroïde, mais elle nécessite de vivre confiné sous ces dômes lumineux et tempérés qu'on ne peut quitter pendant trop longtemps sans devenir fou.
Inktober est ensuite devenu un phénomène mondial, et il a inspiré beaucoup de déclinaisons au concept similaires, mais sur d'autres thèmes que le dessin. Au début de ce mois d'octobre 2020, j'ai vu passer sur Twitter l'initiative Writober qui consiste à écrire un texte par jour pendant le mois d’octobre, et j'ai plus précisément vu passer celle lancée par Marion SABOURDY (alias @fuzzyraptor sur Twitter) qui est autrice et maîtresse de conférence à l'Université Grenoble Alpes.
Voici la liste de sujets qu'elle a proposée, et je dois dire que ça m'a tout de suite branché, notamment via le fait que le but soit d'écrire des histoires de science-fiction ou de fantasy :
La particularité de cette initiative était que chaque petite histoire tienne en un seul tweet, donc on parle ici d'histoires très très courtes. Alors voici mes contributions à cette initiative, en sachant que ça a été une grande première pour moi (dans le sens où je n'avais jamais rien écrit d'autre que cet épisode de fiction audio de science-fiction fin 2018). Pour info, je me suis imposé de n'écrire que des histoires se déroulant dans un contexte de science-fiction, même pour les thèmes semblant pencher davantage vers la fantasy.
01 AMER CYBORG
02 SOUVENIRS DE LA TERRE
Parmi les plus beaux souvenirs de mon enfance figurent les crépuscules. Leur couleur unique venait des reflets orangés qui miroitaient sur le transparacier de notre capsule d'infrasommeil, et surtout du fait que là-bas il n'y avait qu'un seul soleil.
03 GOÛTER L’IMMORTALITÉ
04 FOSSILES DE RÊVES
05 L'ABÎME REGARDE EN TOI
06 DON PERDU
07 LA SURVIVANTE
08 LA FORÊT DES MYTHES
09 CORPS ÉTRANGERS
10 DÉPOSSÉDÉS
11 ROYAUMES DISPARUS
12 MÉLANCOLIE MARTIENNE
13 LE FAISEUR DE TEMPS
14 LE JARDIN DES SILENCES
15 VAISSEAU FANTÔME
16 LES PIERRES QUI PLEURENT
17 ENTENDRE LES OMBRES
18 MÉTAMORPHOSE
19 LA NUIT DES TEMPS
20 INSAISISSABLE
21 AILLEURS ET DEMAIN
22 TORPEUR PLANÉTAIRE
23 TOMBÉE DU CIEL
Cette petite machine de mort en forme de fusée qui était tombée du ciel était un vestige des anciens temps. Elle était intacte, contrairement à toutes ses semblables qui avaient réduit cette planète à l'état de désert radioactif.
24 LES GRANDS ANCIENS
25 DOUCE CICATRICE
26 AINSI NAISSENT LES FANTÔMES
27 NO MAN'S LAND
28 VESTIGES DE L'AUTOMNE
29 LE MUSÉE DES REGRETS
30 IA EN EXIL
31 RÉSIGNATION
Et voilà ! 😁
Je dois dire que j'ai particulièrement apprécié cet exercice d'écriture. Et voici mes impressions :
N'ayant quasiment aucune expérience en écriture, je m'étais fixé un objectif simple pour tenter d'écrire ces petites histoires : qu'on ait envie d'en savoir davantage sur leur univers respectif juste après la lecture, et si possible, créer un peu de surprise au moment de la chute, dans les tous derniers mots.
Il y a des choses qui se sont faites naturellement, sans trop que j'y pense : le fait que beaucoup d'entre-elles se déroulent dans l'espace, qu'il y soit question de vaisseaux (ce qui n'est pas si surprenant connaissant mes goûts), et qu'elles soient toutes rédigées à la première personne. Je pense que ça en dit long sur les sujets et le type de narration avec lesquels je suis à l'aise.
J'ai aussi pris beaucoup de plaisir à inventer des mots pour étoffer l'univers de ces nanofictions. Je me suis également amusé à glisser quelques références cachées (à Star Wars, Battlestar Galactica et au groupe Megadeth dans quelques-unes d'entre-elles). Ça n'apporte rien de spécial aux histoires, ça m'a juste fait sourire sur le moment. Et il y a aussi quelques mots qui ont l'air inventés (galactose, trasuranien) alors qu'ils existent réellement. Je n'ai pas forcément respecté leur véritable sens, j'ai juste trouvé amusant de les utiliser car je trouvais qu'ils "sonnaient SF".
La majorité de ces histoires ont été écrites en moins de 2 minutes chacune. Je lisais le sujet du jour et j'écrivais immédiatement une phrase à propos de la première image qui me venait en tête. Il me fallait juste quelques instants pour trouver la bonne formulation de la suite tout en respectant la limite de caractères du tweet.
Certaines d'entre-elles se sont développées en cours d'écriture, car il m'a parfois fallu jusqu'à 5 ou 10 bonnes minutes pour trouver une histoire au delà de mon idée de base. Et pour 4 ou 5 d'entre-elles, j'ai passé jusqu'à 30 minutes pour ajuster le vocabulaire afin d'être sûr de bien transcrire mon idée.
Les histoires ne sont pas toutes aussi réussies que je l'espérais. Il y en a où je me rends compte que je n'ai pas tout à fait réussi à transcrire ce que j'avais en tête (à cause de la limite de caractères, ou parfois de l'urgence dans laquelle elles ont été écrites). Certaines fonctionnent assez bien sans qu'on connaisse leur sujet, mais d'autres sont moins réussies de ce côté-là. Dans tous les cas, c'était un exercice qui m'a vraiment beaucoup plu, et qui pourrait bien m'avoir donné le goût de l'écriture...
Commentaires