Critique ciné : Foxcatcher

En 1996, un grave fait-divers secoue le monde de la lutte aux Etats-Unis. Celui-ci implique le milliardaire John E. du Pont, amateur de lutte et entraineur auto-proclamé de l'équipe Foxcatcher, et les frères Schultz, tous deux médaillés à de nombreuses reprises au Jeux Olympiques et au Championnats du Monde depuis le milieu des années 80, et proches collaborateurs de John E. du Pont. Les relations entre ces 3 personnages et le drame qui en résulte sont le sujet du film Foxcatcher de Bennett Miller.


Ce qui marque tout de suite le spectateur, dès les premières minutes, c'est le rythme très particulier de ce long-métrage. Les scènes tirent en longueur, les dialogues sont rares et parfois récités avec d'étonnantes hésitations, et le tout fait la part belle à une mise en scène très (trop ?) contemplative. On finit par s'y faire, et c'est un bon moyen d'admirer la photo sublime que l'on doit à Greig Fraser (Cogan, Zero Dark Thirty) ainsi que les décors extrêmement soignés et très bien mis en valeur dans le film. On note aussi une absence de musique dans la plupart des scènes, même lorsqu'elles sont muettes, et seules quelques petites notes discrètes viennent habiller ce qu'on voit ici et là.

Le problème en revanche, c'est que les scènes se succèdent sans que l'on prenne le temps de nous expliquer ce qui se passe. La mise en scène toujours très soignée semble indiquer une grande intensité dans ce qui est en train de se dérouler, mais on a souvent le sentiment d'avoir raté ce qui a pu conduire à la scène qu'on est en train de voir, tout comme on se demande régulièrement quel peut être le sens ou les conséquences de ce qu'on vient de voir, sans que rien ne permette jamais de répondre à ces questions. Du coup, cette volonté de rendre toutes les scènes intenses au détriment de l'histoire qu'il faudrait raconter finit par saper l'intérêt de l'ensemble, puisqu'on ne va jamais au fond des choses et qu'on se contente d'enchainer les scènes ultra-soignées et très travaillées, sans jamais tenter de se plonger dans la psychologie des personnages. On reste trop à la surface des choses...



On comprend bien évidemment qu'il y a un malaise entre John E. du Pont et sa mère concernant son intérêt pour la lutte, on comprend tout à fait que les frères Schultz n'ont pas la même façon d'appréhender la personnalité de John E. du Pont, on comprend également très bien que Mark Schultz est de moins en moins à l'aise avec la personne de John E. du Pont, et il faudrait vraiment ne pas être attentif du tout pour passer à côté du fait que John E. du Pont est quelqu'un d'étrange et inquiétant qui se préoccupe beaucoup plus de l'image que l'on peut avoir de lui que de ses réelles aptitudes à diriger une équipe sportive. Tout ça on l'appréhende donc très rapidement, mais les scènes se suivent et n'apportent jamais aucun élément supplémentaire à tout ça, durant plus de deux heures !

On assiste donc à un triste spectacle où l'on sent très bien que quelque-chose de grave va arriver, mais sans jamais qu'on nous explique pourquoi ça va arriver, et cela finit par être franchement frustrant ! C'est encore plus agaçant quand on voit le talent évident des 3 acteurs principaux (dont évidemment le méconnaissable Steve Carrell dans le rôle de John E. du Pont, aussi bien au niveau du visage que de l'attitude corporelle et de l'élocution) qui ont travaillé à fond les personnages qu'ils sont chargé d'interpréter.

Steve Carell est John E. du Pont

On dirait que le réalisateur Bennett Miller est totalement conscient de bénéficier de prestations de très haut vol de la part de ses acteurs, et d'une photo et de décors sublimes. Du coup, il réalise un film d'auteur très soigné, clinique et froid, allant presque jusqu'à rappeler la lenteur et le côté totalement contemplatif d'un certain Barry Lyndon. Mais il en oublie que son film est également supposé raconter une histoire, et cela devient particulièrement flagrant lorsque survient le drame qui conclut cette histoire, sans aucune introduction ni explication, et surtout en oubliant de préciser qu'une grosse ellipse temporelle se situe juste avant l'incident.

Il est donc légitime de ressentir un malaise à la fin de Foxcatcher, légitime de se demander si on a raté un élément de l'histoire qui a pu mener à cette fin. Car en fait l'histoire qui représente 95% de ce qu'on voit dans le film n'est absolument pas liée aux 5% qui représentent la fin du film. Ces deux histoires n'ont à priori pas de lien direct, même si le film tente de nous le faire croire très maladroitement. Alors pourquoi Bennett Miller a-t-il choisi cette histoire pour son film ? Pour amadouer les jurys des festivals ciné les plus prestigieux (Cannes, les Oscars) avec une histoire vraie tout en sachant que c'est sur son aspect purement technique que son film y est jugé ? Dans ce cas il a sûrement eu raison. Pour raconter une histoire forte et la faire connaitre au plus grand nombre ? Dans ce cas c'est un ratage quasi-complet !

Mark Ruffalo est très impressionnant, mais Channing Tatum l'est encore davantage !

Personnellement je me trouve dans la catégorie de la population pour qui un tel film s'apparente davantage à un ratage ultra-pompeux qu'à un chef-d'œuvre. Bennet Miller se moque pas mal de l'histoire qu'il est censé raconter et il préfère se concentrer sur la technique pure que sur la narration.

J'en veux pour preuve diverses libertés prises avec l'histoire réelle, certaines sont sans grande incidence mais d'autres n'apportent rien d'autre que de la confusion, comme le fait que les frères Schultz n'ont en fait jamais vécu au même moment sur la propriété de du Pont (Mark y a vécu de 1987 à 1988, tandis que Dave ne s'y est installé qu'à partir de 1989), ou le fait qu'un peu plus de 7 années séparent les Jeux Olympiques de Séoul de 1988 et l'incident qui s'est produit début 1996 à la ferme Foxcatcher (alors que le film enchaine directement les deux événements, sans aucune transition, comme s'ils étaient en corrélation). On notera tout de même que la scène du drame de 1996 est reproduite avec une très grande fidélité par rapport aux faits réels, notamment grâce aux témoignages et à la participation active sur le tournage de personnes qui étaient présentes ce jour-là.

Mais ce qui persiste chez moi après la vision de Foxcatcher, c'est l'impression d'un grand gâchis ! D'une bonne histoire sacrifiée pour se faire bien voir dans les festivals prestigieux, et c'est vraiment dommage d'avoir choisi cette voie avec tous les talents qui étaient en présence. Donc Foxcatcher n'est pour moi rien d'autre qu'un film froid, dénué d'émotions, et très prétentieux.

Commentaires

Anonyme a dit…
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