Critique ciné express (+ podcast 24FPS) : Only God Forgives

J'ai découvert le cinéma du danois Nicolas Winding Refn en 2008 avec le film coup de poing "Bronson" qui a été une véritable révélation pour moi. Une mise en scène soignée, un acteur habité par son personnage, des musiques inhabituelles mises en avant, un récit qui prend son temps et sort des sentiers battus, des accès de violence réguliers et sans concession, bref pas mal de petites particularités que j'ai retrouvé dans ses autres films que j'ai vu depuis. Je n'ai pourtant pas du tout apprécié "Le Guerrier Silencieux - Valhalla Rising" (2009) qui partait un peu trop loin dans l'expérimental pour moi, même si je dois bien avouer que les plans étaient plutôt recherchés et que l'acteur principal était une nouvelle fois très impressionnant. Je pense tout simplement n'avoir pas compris le film, mais j'ai en revanche largement plus accroché au rythme et au style du film "Drive" (2011) qui a révélé le réalisateur auprès du grand public. Mais sachant que le bonhomme est capable de changer totalement d'univers d'un film à l'autre, je n'avais pas d'attentes particulières en ce qui concerne "Only God Forgives", son nouveau long-métrage dans lequel il retrouve l'acteur Ryan Gosling.


L'histoire : dans les bas-fonds de Bangkok, les deux frères Julian et Billy organisent des petits combats de boxe thaï et trafiquent éventuellement de la drogue. Suite à la mort de Billy, leur mère va venir en Thaïlande et exiger que Julian venge son frère. Mais cela va provoquer une suite d'événements incontrolables et violents...

Impossible, dès les premières minutes du film, de ne pas réaliser qu'on est confrontés à un nouvel OVNI cinématographique dont le rythme particulier et le côté imperméable au spectateur s'approche plus d'un "Valhalla Rising" que d'un "Drive" qui était après tout sa réalisation la plus calibrée pour un public relativement large. Ici, rien n'est simple pour le spectateur. Le nom des personnages n'est pas toujours donné, leur fonction exacte non-plus, les dialogues sont rares et pas toujours compréhensibles, alors qu'en revanche les longs travellings se succèdent régulièrement, les motivations exactes des personnages restent souvent mystérieuses, certains plans (chantants) arrivent comme des cheveux sur la soupe et l'ensemble se révèle souvent assez hermétique pour le spectateur.

"Only God Forgives" est donc avant-tout un moment de cinéma qui évolue en dehors des sentiers battus, avec des plans magnifiques aidés d'une photographie sublime (sauf lors de 2-3 plans très laids tout à la fin) et d'une musique oppressante et dérangeante. Sans oublier quelques accès de violence souvent aussi soudains que très visuels, mais qui n'arrivent pas à la cheville des tabous moraux qui sont régulièrement transgressés. Signalons d'ailleurs la performance de l'actrice Kristin Scott Thomas, quasi-méconnaissable, qui campe ici un personnage atroce et détestable à tous les niveaux. Ça fait du bien de voir un personnage aussi monstrueux sans tenter de prendre des gants avec l'audience.



Aussi difficile à regarder qu'à appréhender, "Only God Forgives" est un film qui ne plaira clairement pas à tout le monde. J'ai personnellement apprécié l'expérience, mais il y a tout de même pas mal de petites choses qui m'ont déplu, notamment dans le dénouement de ce long-métrage un peu trop obscur pour réellement donner envie d'être revu.

Bien sûr, cette critique écrite ne dévoile aucun élément important du film, mais j'ai enregistré un numéro du podcast 24FPS en compagnie de Julien où nous revenons largement sur tous les aspects de cette réalisation. Alors si vous avez vu le film, que vous n'avez pas peur de vous faire spoiler, ou que vous voulez simplement en savoir davantage sur "Only God Forgives", cliquez sur l'image ci-dessous afin de vous rendre sur la page officielle de l'émission afin de l'écouter en streaming, de la télécharger au format mp3 ou de vous y abonner via iTunes ou RSS. Bonne écoute !

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