Critique ciné : Cosmopolis

Loin d'être un grand connaisseur du cinéma de David Cronenberg, j'ai toutefois apprécié "Chromosome 3" (1979), "Scanners" (1981), "La Mouche" (1986) et évidemment "eXistenZ" (1999) lorsque j'ai eu l'occasion de les voir. Il me manque évidemment des classiques comme "Videodrome" ou "Dead Zone" pour prétendre bien connaître ce réalisateur (sans parler de ses films les plus récents) mais j'avoue avoir été séduit par le trailer de "Cosmopolis" et l'ambiance apocalyptique qui semblait s'en dégager...


L'histoire : Eric Packer, golden boy de la haute finance, traverse la ville de New-York à bord de sa limousine ultra-moderne afin de se rendre chez son coiffeur habituel. Et tandis que sa fortune est mise à mal, que la ville sombre dans le chaos et que sa vie semble menacée par un inconnu, Eric Packer rencontre une multitude de personnages sur sa route...

Le film est construit sous la forme d'une succession de dialogues. C'est un peu le cas de tous les films, me direz-vous... Oui mais là il n'y a vraiment que ça, et d'ailleurs les interlocuteurs s'enchainent généralement sans la moindre transition, ce qui n'est pas forcément évident à suivre étant donné qu'on passe le début de chaque nouvelle scène à se demander qui est ce nouvel interlocuteur et quel est le sujet de sa conversation avec Eric Packer. Il y a d'ailleurs des conversations dont on finit par saisir le sujet mais auxquelles on ne comprend absolument rien tant elles sont décousues ou tendent vers les questionnements philosophiques (mais sans tenter d'y apporter de réponses). Certains dialogues sont également très communs et finalement peu intéressants... Heureusement, chacune de ces discussions se déroule d'une manière différente, et même si la plupart d'entre-elles ont lieu au sein de la fameuse limousine totalement isolée des bruits extérieurs et qui semble constamment avancer au ralenti, les décors sont finalement assez variés et même les échanges au sein du véhicule sont totalement différents les uns des autres. C'est ce qui permet de maintenir l'attention du spectateur tout au long du métrage...


De rares personnages récurrents permettent également de comprendre l'univers d'Eric Packer à mesure que des détails sur sa vie privée ressortent des discussions. Mais la plupart de ces éléments s'avèrent finalement assez inutiles vu que le film semble dépourvu de scénario. Comprenez par là que chaque scène se suffit généralement à elle-même et que toute l'attention du moment ne se porte que sur les mots qui sont prononcés à cet instant précis. Contrairement au personnage principal (qui va chez son coiffeur, contre l'avis d'à peu près tout son entourage), le spectateur ne sait absolument pas où va le film et l'attention finit par doucement se relâcher à mesure que les dialogues (de moins en moins intéressants ou compréhensibles) se succèdent. Il est d'ailleurs amusant (?) de noter que la confrontation finale du film qui devrait en être le point d'orgue est de loin celle qui est la plus ennuyeuse et la plus décousue ! Du coup on se surprend à vouloir que tout ça se finisse au plus vite...



La bande-annonce de "Cosmopolis" est finalement assez trompeuse ! La montée en puissance promise n'a jamais lieu (ou en tout cas pas comme on serait tentés de le penser) et le final du film est de loin sa partie la plus inintéressante et la moins crédible. Le jeu de Robert Pattinson est pourtant très juste et son personnage complexe s'avère plutôt intéressant, mais à force de multiplier les éléments qui perturbent le spectateur, le film finit par arriver à perdre le spectateur pour de bon ! C'est d'autant plus rageant car l'histoire de fond (la chute du système capitaliste) aurait mérité d'être plus approfondie, plus visible et surtout plus compréhensible !

Dommage... La forme est pourtant très soignée et tous les acteurs sont impeccables. Mais le manque de but et de cohésion de l'ensemble ne pourront que générer un ennui profond chez la plupart des spectateurs ! Même ceux à la recherche d'un trip visuel ou émotionnel...

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