Critique ciné : Lock Out

Les réalisateurs James Mather et Stephen St. Leger nous proposent avec "Lock Out" leur premier long-métrage après s'être fait remarquer par Luc Besson grâce à leur court-métrage "Prey Alone". Comme il s'agit d'une production EuropaCorp, on est en droit d'attendre un film bien burné teinté d'une couche de science-fiction, ce qui à priori n'est pas pour me déplaire. Alors qu'en est-il vraiment ?


L'histoire : l'agent Snow est l'un des meilleurs éléments de la CIA, mais il se fait arrêter suite à une transaction qui a mal tourné et où tout l'accuse. Il est condamné à être envoyé sur MS One, une nouvelle prison orbitale de haute sécurité destinée aux criminels les plus dangereux qui y sont cryogénisés pour de longues durées. Mais au même moment, une insurrection éclate dans cette prison alors qu'Emilie Warnock, la fille du président des USA, y effectue une visite de contrôle. Qu'il le veuille ou non, Snow va devoir s'infiltrer dans MS One afin de la faire sortir de cette station désormais aux mains de 500 psychopathes livrés à eux-mêmes...

La première (et la plus grosse) blague du film apparaît en grandes lettres sur l'écran au bout de quelques secondes : "D'Après Une Idée Originale De Luc Besson" ! Une idée originale ? OK, alors pour mémoire rappelons qu'en 1981 sortait "New-York 1997" ("Escape From New-York" en VO) du grand John Carpenter. On y faisait la connaissance de Snake Plissken (interprété par Kurt Russell), ex-membre des forces spéciales devenu hors-la-loi, fraîchement arrêté et forcé de se rendre sur l'ile de Manhattan (transformée en prison à ciel ouvert pour les pires criminels du pays) pour y secourir le président des Etats-Unis retenu en otage suite au crash accidentel de son avion Air Force One. Dans "Los Angeles 2013" ("Escape From L.A." en VO), la suite sortie en 1996, Snake Plissken est cette fois forcé de retrouver la fille du président au sein de la zone carcérale désormais insulaire de Los Angeles. Et quelles sont les activités favorites de Snake Plissken (l'un des plus grands badass de l'histoire du cinéma, soit dit en passant) ? Répondre avec ironie à tout ce qu'on lui dit et fumer des clopes ! Exactement comme Snow dans "Lock Out" quoi... Si le personnage culte de Snake Plissken a ouvertement inspiré d'autres personnages devenus cultes dans le monde des jeux-vidéo (Solid Snake de la saga "Metal Gear Solid") ou du cinéma (Richard B. Riddick des films "Pitch Black" et "Les Chroniques De Riddick", sans oublier le 3ème volet qui sortira en 2013), il ne semble pourtant pas être clairement cité comme influence directe dans la campagne de promotion de "Lock Out". Mais c'est normal après tout, puisqu'on évolue plus dans le domaine du plagiat que celui de l'hommage...

Si la trame générale du scénario est complètement pompée sur celle des films de John Carpenter (au point d'avoir ressenti le besoin d'y inclure un twist final, complètement incompréhensible d'ailleurs !), ce n'est visiblement pas dans le but de transcender le genre ou d'y apporter quoi que ce soit. Il s'agit plutôt d'enchainer tous les plus gros clichés du cinéma d'action, mais seulement les pires, pas ceux qu'on aime comme dans "Expendables : Unité Spéciale", tout en évitant soigneusement de proposer des rebondissements qu'on ne voit pas venir à des kilomètres. Et comme si ça ne suffisait pas de taper dans la filmographie de Big John, on pique aussi quelques idées à des bons films des années 90, comme le méchant patron qui n'apprécie pas du tout l'homme qu'il envoie sur le terrain pour une mission de sécurité nationale (déjà vu dans "The Rock" de Michael Bay en 1996) ou tout simplement la prison futuriste où on cryogénise les pires criminels (déjà vu dans "Demolition Man" en 1993). Dire qu'il a fallu 6 mois pour écrire le scénario de "Lock Out" ! En plus, les incohérences et les raccourcis sont légion, tandis que certaines scènes sont purement et simplement inutiles tant elles ne mènent à rien : la réunion au Pentagone, la zone irradiée de la prison, etc... Lamentable !

(Appelez-moi Snake ! Euh... pardon : Snow !)

Heureusement, on peut se rattraper sur la côté visuel du film ! Ah ben non en fait : tous les plans en images de synthèse sont à peine au niveau de ce qu'on peut trouver aujourd'hui dans la plupart des jeux-vidéo et on a même droit à une longue séquence de course poursuite particulièrement laide, synthétique et illisible dès le début du métrage. Heureusement (?) que c'est la seule scène aussi ambitieuse de tout le film, puisque quasiment tout le reste se déroule dans des couloirs sombres et peu inspirés que ne renieraient pas la plupart des films amateurs qu'on peut trouver aujourd'hui sur le web. Même lorsqu'il y a plus de 20 prisonniers à l'écran dans une grande salle, il s'agit d'un plan retouché qui crève les yeux ! Ridicule...
Et heureusement qu'il y a les vannes incessantes de Snow pour rire un peu... Mouais, les meilleures sont épuisées dès les 5 premières minutes du film et il en balance tellement à tout bout de champ que le ratio des répliques vraiment marrantes n'est finalement pas très élevé au bout du compte.

Guy Pierce ("Vorace", "Memento", "La Machine A Explorer Le Temps", "Démineurs", "La Route", "Le Discours D'Un Roi") est pourtant très bon dans le rôle de Snow. Comprenez par là qu'il fait ce qu'il peut avec ce qu'on lui a donné ! Sa présence physique et son sens de l'humour arrivent au moins à le rendre sympathique, c'est déjà ça ! Maggie Grace se contente quant à elle de jouer les ravissantes potiches tandis que Peter Stormare ("Armageddon", "The Big Lebowski", "Minority Report", "Constantine" ou encore la série "Prison Break") nous sert un vilain chef très caricatural. Mais niveau caricature, personne n'arrive à la cheville des prisonniers eux-mêmes tant ils s'apparentent plutôt à un festival de sales tronches tirées de séries B. Ils ont beau être 500, il n'y en a finalement que 2 qui sortent du lot : le leader charismatique (?) juste mais intraitable et qui ne sert pas à grand chose, et le psychotique incontrôlable qui ne fait que des conneries. Un peu light pour une prison haute sécurité, non ?



Le plus gros point fort de "Lock Out" est de ne durer qu'un poil plus d'1h30, ce qui fait qu'on n'a pas trop le temps de s'ennuyer (ou de réfléchir au scénario). Même la fin (risible) est complètement écrasée par les meilleures scènes de "Point Break" qui date pourtant de 1991. Le film devrait pourtant satisfaire les amateurs d'action bas du front mais tous les autres (et surtout les fans de science-fiction) peuvent aisément passer leur chemin. "Lock Out" emprunte à beaucoup d'autres films déjà vus, mais ne fait honneur à aucun d'entre-eux (exemple : on ne fait pas du "Blade Runner" en décorant le stand d'un vendeur ambulant de simples serpentins en LED).

A voir éventuellement lors d'une soirée pizza entre potes en DVD... loué... pour 1 €...

En revanche c'est une bonne occasion de (re)découvrir le personnage de Snake Plissken en (re)matant "New-York 1997" et "Los Angeles 2013" ! Ça au moins ce serait une soirée pizza réussie...

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