Critique ciné : The Green Hornet

Si vous ne connaissez pas le personnage du Green Hornet (ce qui est compréhensible vu que c'est la première fois qu'il porte son nom original en France), sachez qu'il s'agit d'un justicier masqué (mais pas d'un super-héros, malgré certaines apparences) qui a fait ses débuts dans les années 30 sous la forme d'un show radiophonique feuilletonnant aux USA mais dont la déclinaison la plus célèbre reste une série télévisée diffusée en 1966-67 aux Etats-Unis puis à partir de 1986 en France (sous le nom "Le Frelon Vert").

On y suit les aventures du jeune milliardaire Britt Reid qui combat le crime sous le pseudonyme du Green Hornet avec l'aide de son employé de maison d'origine asiatique, dénommé Kato, qui maîtrise parfaitement les arts-martiaux et qui conduit la voiture noire aux phares verts et bourrée de gadgets, la Black Beauty. A la ville, Britt Reid dirige un journal, le Daily Sentinel, tandis que le Green Hornet est considéré comme un criminel et qu'il est recherché par la police.

La série TV des années 60 n'avait pas remporté un franc succès à l'époque (elle était en concurrence directe avec la célèbre série TV "Batman", même si un épisode cross-over fut tourné) et elle fut annulée à l'issue de sa première saison. Pourtant, elle a ensuite atteint un statut culte, essentiellement car Kato y était interprété par un certain Bruce Lee dont c'était le premier rôle sur le sol américain. Par exemple, Quentin Tarantino avait repris la musique du générique de cette série TV pour son film "Kill Bill : Vol. 1" en 2003, où les hommes de main de Oren Ishii portaient également des masques proches de ceux du Green Hornet ou de Kato.

Bref, après un film dans les années 40 et une série TV dans les années 90 (tous deux inédits en France), le Green Hornet revient sous les projecteurs grâce à un film hollywoodien dirigé par le français Michel Gondry (cinéaste qui s'est fait connaître par ses clips pour Daft Punk, les White Stripes ou encore Björk).


Je vais tout de suite aborder le sujet de la 3D. Je n'ai pas vu le film en relief : d'une part parce-que ça me permet de faire des économies sur le prix du billet, et d'autre part parce-que d'après ce que j'ai lu à droite et à gauche, cela n'apporte absolument rien au film. Et je suis très tenté de le croire car les scènes qui se prêtent à la 3D ne sont effectivement pas légion...

Niveau casting, on retrouve donc Seth Rogen ("Supergrave", "En Cloque : Mode D'Emploi", "Délire Express") en Britt Reid, Christoph Waltz (le diabolique Colonel Landa de "Inglorious Basterds" en chef gangster russe, Cameron Diaz en assistante de Britt Reid et l'acteur/chanteur taïwanais (inconnu du grand public) Jay Chou en Kato. Et, même s'il m'est génétiquement impossible de dire du mal de Cameron Diaz, je suis forcé d'admettre que le seul acteur réellement convaincant du lot est Jay Chou !

Bien que dans un type de rôle relativement proche de celui qu'il avait dans "Inglorious Basterds" (un pourri absolu qui a l'air presque inoffensif au premier abord), Christoph Waltz est pourtant beaucoup moins convaincant et surtout beaucoup moins effrayant ici, même s'il nous fait sourire à l'occasion. Steh Rogen (que j'avais beaucoup aimé dans les films pré-cités) est sûrement le plus décevant du lot. On a l'impression qu'il hésite constamment entre le playboy détestable (tel qu'on nous le présente au début du film) et le grand adolescent à l'humour de potache, mais on ne ressent quasiment jamais un personnage au charisme suffisant pour devenir un héros attachant. Cameron Diaz nous ressert son habituel numéro d'ingénue (que j'adore car je suis faible) mais son implication dans le scénario est si minime qu'on finit (à raison) par penser qu'elle ne sert à rien. Dommage...

Kato en revanche est très convaincant et cache beaucoup de surprises derrière son attitude toujours sérieuse et son talent pour les arts-martiaux. A tel point qu'on se demande parfois s'il n'a pas de pouvoirs surnaturels, ce qui le rend parfois un peu moins crédible d'ailleurs...


(la plupart des meilleures scènes sont dans ce trailer)

On dirait que le film aimerait jouer dans la cour des comédies d'action comme "L'Arme Fatale" mais comme la plupart des gags font à peine sourire, c'est légèrement raté. Je dois également avoué que je n'ai pas trop apprécié la VF plutôt poussive et même carrément surjouée pour certains personnages (c'est peut-être pour ça que je n'ai pas trop accroché à Britt Reid). On sent aussi clairement que certains gags n'ont pas réussi à passer en français (comme par exemple le jeu de mots avec le nom du méchant), du coup ce sont des scènes entières qui tombent à l'eau.

Malgré tout ça, je ne peux pas dire que je me suis ennuyé. Mais c'était de justesse ! Le scénario réussit à peu près à nous tenir en haleine, les scènes d'action sont en général assez rythmées et certaines situations comiques sont vraiment drôles (si on ne les a pas déjà vues dans la bande-annonce). On passe donc un bon petit moment mais ce n'est pas un film qui viendra garnir ma vidéothèque dans le futur...

Mention spéciale à la voiture des héros qui est magnifique, même si au final elle surprend assez peu par ses capacités.


On va dire que tous les défauts sont dus à la gestation longue et douloureuse de ce projet de film. Pour faire court : l'idée avait germé au début des années 90 et George Clooney devait jouer le rôle principal mais celui-ci quitta le navire en 1995 afin de participer à "Batman Et Robin" (il aurait peut-être mieux fait de rester). Michel Gondry avait déjà signé pour réaliser le film mais comme le projet n'aboutissait pas, il quitta le navire lui aussi. En 2000, Jet Li fut approché pour interpréter Kato mais au fil des années sa participation a également été abandonnée. En 2004 l'acteur / réalisateur / scénariste de comics Kevin Smith fut engagé pour écrire et réaliser le film "The Green Hornet" mais malgré un état assez avancé du projet, cela n'aboutit pas. Kevin Smith officia tout de même comme scénariste pour une série de comics consacrée au Green Hornet qui a été publiée en 2010.

Et c'est finalement en 2007 que Seth Rogen (aidé de son comparse Evan Goldberg) a été engagé pour écrire un scénario (comme il l'avait déjà fait pour les films pré-cités dans lesquels il avait joué) avec l'acteur / réalisateur Stephen Chow (de "Shaolin Soccer") qui devait réaliser le film et interpréter Kato. Mais fin 2008, ce dernier abandonna son poste de réalisateur (pour cause de différends créatif) mais il conserva son rôle de Kato tandis que Michel Gondry revenait au poste de réalisateur. Stephen Chow quitta totalement le projet quelques mois plus tard et le tournage débuta avec Nicolas Cage dans le rôle du grand méchant. Mais celui-ci quitta également le projet (alors que quelques scènes étaient déjà tournées) et il fut donc remplacé au pied levé par Christoph Waltz.

Pour finir, j'avoue ne pas être un grand spécialiste du cinéma de Michel Gondry mais je crois que celui-ci est connu pour des univers assez particuliers et ce n'est pas dans "The Green Hornet" que ses fans retrouveront la patte du maître. Néanmoins, sans être complètement raté, ce film déçoit sur pas mal de points même s'il reste un honnête divertissement.

Commentaires

Kirby a dit…
Je suis quasiment d'accord avec tout ce que tu as dit!

Enfin quelqu'un qui n'encense pas ce film passable selon moi. Pour ma part j'ai été méchant en déclarant à qui voulait l'entendre que c'était un navet, tout bien reconsidéré, ce n'est peut être pas si catastrophique.

Il faut dire aussi que j'étais dans un mauvais jour et qu'il n'était disponible qu'en 3D. Et je confirme tu as bien fait de ne pas le voir en 3D, ça a aidé à me dégoûter (2€ plus cher pour rien...)

Sinon j'ai également ressentis une sorte de "malaise" sans jamais vraiment savoir où se positionne le film, s'ils sont réellement méchant, qui est le gentil, qui est le héros, si Britt Reid est plutôt un dandy playboy (ou l'inverse) ou un abruti macho.

Et ce qui m'a également dérangé c'est le montage avec certains plans qui font désordre et qui viennent s'incruster sans raison. Sûrement une dérive du passé de réalisateur de clip de Gondry.
Draven a dit…
Voilà, on est bien d'accord ! Il est difficile de savoir où se place vraiment le film et plus l'histoire avance, plus ça devient gênant !

Et tu as tout à fait raison au sujet du montage un peu étrange dans certaines scènes : des plans hyper-saccadés (on croirait presque un film de Jean-Marie Poiré) et certains dont on se demande ce qu'ils viennent faire là. Mais ça n'est pas pendant tout le film, juste pour certaines scènes. Je n'ai pas compris...
Vincent a dit…
Oui, le fait que le film soit construit par bloc (un bloc d'action puis un bloc de comédie) crée le "malaise" que vous avez tous les deux ressenti. Mais c'est ce qui fait à mes yeux la beauté du film : que le film prenne le temps de se consacrer à de la comédie pure avec un Seth Rogen grandiose en Groucho Marx 2.0.
J'en parle plus en détails sur ASBAF, venez faire un tour http://www.asbaf.fr/2011/01/green-hornet-frelon-metrage-de-qualite.html

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