Critique ciné : X-Men Le Commencement

En 2000, les X-Men secouent le box-office mondial sous la direction de Bryan Singer ("Usual Suspects") et démontrent pour la première fois qu'il n'y a pas que Superman et Batman qui peuvent bénéficier d'un film de super-héros crédible et mature. En 2003, Bryan Singer confirme son talent (et celui des acteurs qu'il a choisis) avec un second opus tout aussi réussi, mais il finit par délaisser les enfants de l'atome et préfère aller s'intéresser aux nouvelles aventures de l'homme d'acier ("Superman Returns")...

Qu'importe ! Le troisième film sort tout de même en 2006 avec Brett Ratner ("Rush Hour") aux commandes mais le résultat est loin d'être à la hauteur des deux premiers films. La faute à un scénario brouillon qui multipliait les nouveaux personnages inutiles et qui malmenait autant ses héros que les spectateurs. La faute peut-être aussi à des acteurs désormais bien côtés à Hollywood (Hugh Jackman et Halle Berry) qui profitent du départ du réalisateur original pour mettre en avant leurs personnages (respectivement Wolverine et Tornade), ce qui a pour effet d'alourdir un scénario déjà bien bancal. Mais bizarrement, il s'agit du film de la saga ayant rapporté le plus d'argent...

Forcément, la Fox (soutenue par Hugh Jackman) ne compte pas abandonner le filon et un spin-off entièrement consacré au mutant le plus populaire (Wolverine) voit le jour en 2009 sous la direction d'un Gavin Hood ("Tsotsi") peu inspiré qui se contente d'offrir un blockbuster bourré d'action et de testostérone au détriment d'un scénario cohérent et de personnages bien construits. Pourtant, c'est une nouvelle fois un énorme succès au box-office et une suite (annoncée comme très différente du premier film) est en préparation, même si elle n'a actuellement plus de réalisateur attitré suite au départ du très doué Darren Aronofsky ("Black Swan") qui estimait visiblement ne pas avoir assez de contrôle créatif sur son film...

C'est donc avec une grande méfiance que j'ai accueilli la nouvelle lorsque j'ai appris qu'un nouveau film "X-Men - First Class" devait voir le jour, d'autant plus qu'il s'agit d'une "préquelle" (qui se situe chronologiquement avant les précédents films), ce qui est parfois le signe d'un manque flagrant d'inspiration ou d'une volonté purement mercantile. L'aspect rassurant du projet, c'est le fait que Matthew Vaughn ("Layer Cake", "Kick-Ass") soit attaché à la réalisation, et c'est d'autant plus intéressant quand on sait qu'il était supposé réaliser le troisième film "X-Men - L'affrontement Final", qu'il avait commencé à travailler sur ce film avant de quitter le projet car la Fox était très pressée et qu'il avait le sentiment que le studio ne le laisserait pas développer son film comme il l'entendait, et qu'il n'avait pas hésité à critiquer ouvertement le travail de Brett Ratner une fois le film sorti...

Alors qu'en est-il de cette nouvelle déclinaison des aventures cinématographiques des mutants les plus célèbres de l'histoire de la bande-dessinée US ?

(oh, les jolies combinaisons "old-school" noires et jaunes)

L'histoire : Charles Xavier et Erik Lehnsherr sont des mutants aux capacités, aux passés et aux objectifs très différents. Pourtant, leurs destins vont se croiser en 1962 et ils vont se lier d'amitié pour combattre un grand danger qui pourrait mettre toute l'espèce humaine en péril !

Ne maintenons pas le suspense plus longtemps : le film est excellent ! Il se hisse sans peine au niveau du tout premier film de la saga, et il est peut-être même meilleur !

Il y a plusieurs raisons à cela : tout d'abord la continuité avec les précédents films qui est assurée dès la scène d'ouverture. Des noms, des situations, des lieux, des personnages et même quelques cameos disséminés tout au long du métrage font directement le lien avec les trois autres films de la saga X-Men, et même avec le pitoyable "X-Men Origins : Wolverine". Seul petit couac : Emma Frost est ici une séduisante jeune femme alors qu'elle faisait une apparition en tant qu'adolescente dans le film consacré à Wolverine qui se déroule pourtant quelques décennies plus tard. Mais à part ça, l'histoire reprend beaucoup d'éléments qui avaient été mis en place dans les films de Bryan Singer (qui a d'ailleurs écrit le scénario de ce nouvel opus) et le passé et les motivations de Charles Xavier et Erik Lehnsherr (appelés à devenir Professeur X et Magneto) nous apparaissent désormais plus clairs.

(vous aussi, vous avez l'impression que la demeure de Xavier apparaissait dans "Batman Begins" ?)

Mais le scénario ne se contente pas de recycler de vieilles idées et de nouveaux protagonistes font leur apparition pour rendre l'ensemble très cohérent. Il n'y a aucun temps mort à déplorer, la tension est permanente même si elle est parfois entrecoupée de moments plus légers qui nous en apprennent un peu plus sur les personnages. Tout s'enchaîne parfaitement, et même si on sait plus ou moins que Xavier et Lehnsherr finiront par emprunter des chemins différents, de nombreux rebondissements tiennent le spectateur en haleine jusqu'à la fin.

Comme dans les autres films de la saga, l'histoire est fortement liée aux questions politiques, d'autant plus qu'ici on se retrouve plongés en plein milieu de la crise des missiles de Cuba qui a bien failli provoquer une guerre nucléaire entre les USA et l'URSS en octobre 1962. Les mutants sont très bien intégrés dans cet incident et leur rôle s'avère capital dans le déroulement des événements.

Les personnages sont également très réussis et il y en a un qui s'impose tout particulièrement dès les premières minutes du film : Erik Lehnsherr (interprété par le très charismatique Michael Fassbender déjà vu dans "300" et "Inglorious Basterds"). Son passé dramatique nous est clairement exposé et on a du mal à lui en vouloir pour son côté sombre et ses accès de colère. Il ressort en tout cas clairement comme le personnage le plus imposant du film, mais Charles Xavier n'est pas en reste car même si on ne le reconnaît pas du tout physiquement parlant, l'interprétation très convaincante de James McAvoy (déjà vu dans "Wanted") nous fait rapidement oublier l'image de Patrick Stewart (qui était parfait dans ce rôle) et on finit par complètement adhérer à cette nouvelle version du Professeur X aux préoccupations toujours profondément humanistes.

Le leader des méchants, Sebastian Shaw, est également très impressionnant et Kevin Bacon (enfin un grand rôle pour lui dans un film à gros budget) nous livre une interprétation parfaite où se mêlent cruauté et cynisme pour un résultat qui fait froid dans le dos.

(Vous buvez quoi ? Un Russe Blanc...)

En ce qui concerne les personnages secondaires, pas mal de nouveaux mutants font leur apparition mais ils ne se contentent pas de faire de la figuration comme c'était le cas dans un "X-Men - L'Affrontement Final" de triste mémoire. Ils ont tous une personnalité bien à eux et se révèlent tous utiles à un moment ou à un autre (que ce soient des méchants ou des gentils). Parmi eux, je retiens particulièrement la belle Emma Frost (interprétée par January Jones), incroyablement sexy en toutes occasions (tout comme son alter-ego dans les comics) dont le look oscille entre star du porno chic et James Bond girl. Chacune de ses apparitions à l'écran est un délice.

Mais pour le côté sexy, on peut aussi compter sur la jeune Mystique (désormais interprétée par Jennifer Lawrence) qui est un personnage déjà bien connu de la saga X-Men au cinéma et qui n'a pas à avoir honte de la comparaison avec sa précédente interprète (la sculpturale Rebecca Romijn, qu'on avait pu apercevoir au naturel dans le film "The Punisher" de 2003).

Parmi les autres jeunes mutants, le seul dont le look me paraisse un peu raté est le Fauve qui était bien plus réussi dans "X-Men - L'Affrontement Final" (l'un des rares points positifs de ce film). A vous de juger...

La réalisation de Matthew Vaughn est très bonne et il se permet même quelques fantaisies ici et là (reflets de personnages dans des éléments du décor, écrans partagés). Les scènes d'action sont d'une grande clarté et le côté rétro des 60's est particulièrement réussi dans certaines scènes (vêtements, décors, coupes de cheveux, etc...). La musique composée par Henry Jackman pour le film est également très sympathique et accompagne bien les divers événements.



Le projet avorté "X-Men Origins : Magneto" a finalement engendré un "X-Men - Le Commencement" de très haute volée ! Même si on avait pu une nouvelle fois craindre le pire après que Bryan Singer ait abandonné le projet pour se consacrer à l'adaptation du conte "Jack Le Tueur De Géants" qui sortira en 2012, on ne peut que constater le grand talent dont a fait preuve Matthew Vaughn pour remettre la saga X-Men au panthéon des meilleurs films de super-héros ! Tout est bon : la réalisation, l'histoire, les personnages et beaucoup d'action. Personne ne devrait s'ennuyer pendant les 2h10 que dure le film et on attend déjà avec impatience une suite pour laquelle Matthew Vaughn semble déjà avoir quelques idées.

Qu'on se le dise, les X-Men sont de retour dans un grand film à la fois réjouissant, sombre et mature ! Et que ceux qui n'ont peut-être pas vu les autres films ne prennent pas peur, ils ne manqueront rien du spectacle même s'ils rateront diverses références ici et là.

Les puristes des comics Marvel risquent par contre d'être parfois mécontents des origines et du développement de certains personnages car il y a évidemment des différences avec ce qui a été écrit et dessiné depuis 50 ans, mais n'est-ce pas le cas dans tout film de super-héros ?

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