Critique ciné : Drive

Nicolas Winding Refn est un réalisateur danois atypique, et ceux qui se sont pris "Bronson" (2009) en pleine tronche pourront difficilement dire le contraire. C'est donc avec une certaine appréhension mais aussi beaucoup d'impatience qu'on attendait la sortie de "Drive", son premier film américain qui a déjà reçu le prix de la mise en scène lors du Festival De Cannes 2011...


L'histoire : un cascadeur pour le cinéma le jour propose ses services de chauffeur pour braqueurs la nuit. Extrêmement professionnel et très précis dans les règles qu'il impose, il va toutefois finir par faire une exception, ce qui va le mettre dans une position inconfortable, voire très dangereuse...

Avouez-le ! Vous vous dites : "C'est quoi ce gros pompage de la trilogie "Le Transporteur" ? Alors c'est clair, si pour vous cette trilogie représente le summum du cinéma d'action et répond à toutes vos attentes en matière de narration et d'émotion, vous allez vous faire sérieusement chier en regardant "Drive".

Mais si pour vous, les bons thrillers avec des bagnoles vous les cherchez plutôt du côté des cultissimes "Bullit" (1968) ou "Point Limite Zero" ("Vanishing Point" en VO, 1971), vous pouvez déjà réserver une place à "Drive" dans votre DVDthèque (sans parler du fait que je vous félicite pour vos goûts en matière de cinéma). J'ai d'ailleurs repéré des références assez flagrantes aux deux chef-d'œuvres pré-cités, dont une dès les toutes premières minutes de "Drive"...


Donc l'un des principaux intérêts de "Drive", c'est qu'il est l'antithèse totale d'un blockbuster hollywoodien, et ce, malgré son scénario relativement classique pour un film de ce genre. Tout d'abord grâce à son principal protagoniste (brillamment interprété par un Ryan Gosling tout en retenue). Il exprime bien plus de choses par ses silences, ses regards et ses expressions faciales que lorsqu'il ouvre la bouche (ce qui est rare), et ça fait du bien d'avoir affaire à un réalisateur qui ne mâche pas tout le boulot à ses spectateurs. Les personnages secondaires sont également tous très réussis. Ils sont authentiques, quelle que soit la durée de leur présence à l'écran, et certains d'entre-eux sont interprétés par des pointures des séries TV U.S. actuelles comme Christina Hendricks ("Mad Men"), Bryan Cranston ("Breaking Bad") ou Ron Perlman ("Sons Of Anarchy").

Le rythme du film est lui aussi très particulier (bien qu'habituel pour Nicolas Winding Refn). Les plans sont posés (parfois même très posés), les cadrages très étudiés, les lumières toujours en corrélation avec l'ambiance de la scène, bref à des années lumière du gloubi-boulga visuel des films d'action habituels en ce XXIème siècle. Pour autant, des scènes d'action particulièrement crispantes viennent nous secouer de temps en temps. Parfois on les voit venir, parfois pas ! Mais quasiment dans tous les cas, elles trimballent une quantité impressionnante de tension et de violence sans concession.

Pour finir, n'oublions pas les choix musicaux très pop des 80's de Nicolas Winding Refn qui aident à entretenir le malaise et le décalage entre des situations graves et une ambiance qui s'en retrouve encore plus appesantie (exactement comme dans "Bronson"). Les compositions originales de Cliff Martinez sont également très réussies.



"Drive" est un film à part qui fait plaisir à voir, pour autant qu'on ait envie de sortir des sentiers battus. Servi par un casting très juste et des personnages extrêmement crédibles, le scénario qui ne brille pourtant pas par son originalité arrive à nous tenir en haleine de bout en bout, sans oublier une ambiance particulièrement lourde et old-school qui alterne de longues séquences ralenties qui mettent toujours les personnages en valeur et d'autres moments où la violence crue éclate à la figure du spectateur.
Un film brillant. Une belle performance de l'acteur Ryan Gosling. Un vrai film de cinéma.

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