Critique ciné : Chronicle

Contrairement aux films les plus célèbre du genre ("Cannibal Holocaust" en 1980, "C'Est Arrivé Près De Chez Vous" en 1992 et "Le Projet Blair Witch" en 1999), les docu-menteurs actuels ont aujourd'hui la chance de pouvoir bénéficier d'effets spéciaux de grande qualité (voir "Cloverfield" sorti en 2008). C'est le cas de "Chronicle" qui fait le buzz (pardon, il faut dire le ramdam en bon français) sur internet depuis fin 2011 puisqu'il est est essentiellement basé sur les pouvoirs télékinésiques acquis par ses trois protagonistes, et surtout sur l'usage qu'ils vont en faire.



L'histoire : Andrew n'est clairement pas le garçon le plus populaire de son lycée, il est même plutôt du genre solitaire et renfermé, certainement à cause de ses problèmes familiaux... Heureusement que son cousin Matt l'emmène régulièrement avec lui, aussi bien au lycée qu'à quelques fêtes, histoire de le sortir de son quotidien. C'est d'ailleurs dans l'une de ces fêtes qu'Andrew va faire par hasard la connaissance du célèbre Steve, et que les 3 jeunes gens vont faire une découverte extraordinaire et mystérieuse qui va énormément les rapprocher. Mais que se passerait-il si les difficultés d'Andrew refaisaient surface maintenant qu'il possède ces étranges pouvoirs ?

Le concept du "filmé au caméscope" est tellement bien pensé ici qu'il continue à être de mise même lorsque les événements de l'histoire ne le permettent plus (en théorie) : un bon point pour le réalisateur Josh Trank (dont c'est le premier film) qui fait preuve d'une grande ingéniosité lors de certains plans.

Le thème du film renvoie vaguement au principe énoncé chez le personnage de Spider-Man, c'est à dire que "de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités". Mais "Chronicle" n'est pas vraiment un film de super-héros ! Il rappelle plutôt "Carrie Au Bal Du Diable" (1976) et montre à quel point les choses peuvent déraper lorsqu'une personne blessée acquiert la possibilité d'agir sur son environnement d'une manière normalement impossible pour un être humain. On pense aussi vaguement au légendaire animé "Akira" (1988) et plus précisément au personnage de Tetsuo lorsque le jeune Andrew perd son sang-froid et par la même occasion la mesure de son pouvoir.


On pourrait penser que le concept s'essouffle rapidement et que l'on a déjà aperçu les meilleurs moments dans la bande-annonce mais il n'en est rien ! Quasiment chaque scène est le prétexte à une nouvelle trouvaille visuelle (et technique) et l'exploitation de ces pouvoirs va crescendo à mesure que le film avance. Pour une fois qu'une bande-annonce remplit correctement son rôle (à savoir donner le point de départ de l'histoire tout en montrant clairement le concept qui va être exploité), il est bienvenu de le signaler. Même si (comme c'est couramment le cas dans ce type de film) quelques questions restent en suspens lorsqu'arrive la conclusion, le spectateur aura la satisfaction d'avoir vu ce qu'il était venu voir, c'est-à-dire des images surprenantes et des plans bien musclés à partir d'un certain point.

L'un des défauts de ce type de format réside souvent dans une action parfois incompréhensible du fait des mouvements frénétiques de la caméra. Ce n'est heureusement pas trop souvent le cas dans "Chronicle" grâce encore une fois à de nombreuses astuces du réalisateur directement implémentées dans le scénario. La crédibilité du film repose également sur les épaules des acteurs car ceux-ci doivent paraître suffisamment spontanés pour que l'ensemble ne soit pas artificiel. Le trio d'adolescents s'en sort très bien, et surtout le personnage d'Andrew qui est quasiment toujours d'un côté ou de l'autre de la caméra. La complexité des sentiments de ce dernier se lit complètement sur son visage, et l'acteur Dane DeHaan réussit sans problème à nous faire rire, à nous surprendre, à nous rendre triste ou même à nous effrayer avec la même efficacité ! Quelques personnages secondaires d'importance sont aussi de la partie (dont un personnage majeur interprété par Michael Kelly, déjà vu dans "Defendor" en 2009) et servent aussi bien la mise en place du scénario que le fait de prendre un peu de recul sur les événements. Notons enfin la grande qualité des effets spéciaux puisque les plans retouchés sont légion et que cela ne saute pas toujours aux yeux.



Une belle réussite, un film qui tient ses promesses et un jeune réalisateur à suivre avec intérêt ! Que pouvait-on demander de mieux à "Chronicle" ? Il pourrait même s'agir d'une variation intéressante sur le thème des super-héros qui acquièrent leurs pouvoirs par accident, puisque finalement rien ne les oblige à les utiliser à bon escient...

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