Critique ciné : The Raid

Après nous avoir fait saliver depuis quelques mois, "The Raid" (titre original : "Serbuan Maut") est enfin sorti en salles en France ! Qu'est-ce que "The Raid" ? Il s'agit d'un film réalisé par Gareth Evans, un cinéaste originaire du Pays de Galles qui vit aujourd'hui en Indonésie. Gareth Evans s'est fait remarquer en 2009 avec "Merantau", un film reposant essentiellement sur le Silat, un art-martial d'origine indonésienne.

En 2011, Gareth Evans diffuse pour la première fois son nouveau film "The Raid" au Toronto International Film Festival (TIFF) et reçoit immédiatement de nombreuses critiques positives ainsi qu'un prix. Il reçoit encore 2 prix en 2012 dans des festivals à Dublin et Amsterdam et obtient rapidement de nombreux contrats de distribution pour les Etats-Unis et le reste du monde. Sorti en Indonésie début 2012, "The Raid" est projeté dans les salles obscures françaises depuis le 20 juin.

Selon les critiques, "The Raid" est la nouvelle référence du film de bastion/action ! Alors qu'en est-il vraiment ?


L'histoire : une unité spéciale de la police de Jakarta doit prendre d'assaut un immeuble qui abrite Tama, le plus gros parrain de la drogue local, qui loue des chambres minables à des prix exorbitants mais qui héberge également un très grand nombre de criminels en tous genres. Une fois que la présence des forces de l'ordre est signalée au sein de l'immeuble, les policiers vont devoir faire face aux hommes surentrainés de Tama, mais aussi à des dizaines d'habitants armés et bien décidés à ne laisser personne ressortir vivant de l'immeuble…

Bon, on ne va pas faire les fines bouches : le scénario est correct et propose même quelques rebondissements mais il n'est pas d'une grande originalité et ce n'est de toute façon pas vraiment ce qu'on attend de ce film. Ce qui est beaucoup plus intéressant en revanche, c'est la réalisation de Gareth Evans ! S'il faut patienter une quinzaine de minutes afin que le cadre et les principaux protagonistes soient bien présentés, c'est une véritable guerre urbaine qui débute lorsque les premiers tirs sont échangés ! Il fait sombre et la caméra proche des protagonistes tremble beaucoup mais cette entrée en matière (car ce n'est que le début des festivités) a déjà le mérite de montrer qu'on n'est pas là pour rigoler et qu'on ne compte pas nous laisser en dehors de l'action. Ça va être sanglant, violent, voire même brutal et on est loin d'imaginer à quel point à ce stade du film !

Car les choses sérieuses débutent lorsque les armes se taisent et que les confrontations se font au corps à corps (avec ou sans armes blanches). On ne peut que rester bouche bée devant le nombre, la vitesse et la puissance des coups portés ! Les combats sont chorégraphiés au millimètre et sont sublimés par la réalisation hyper dynamique qui se fait nettement moins tremblante que dans les scènes de fusillades et qui couvre les protagonistes sous de nombreux angles (même parfois vu d'au-dessus) sans qu'on perde jamais le fil et tout en restant à la bonne distance de l'action (ni trop près, ni trop loin). Et vue l'exiguïté de certains décors, on se demande régulièrement où Gareth Evans a été planquer sa caméra ! Le réalisateur ose même quelques plans originaux et ingénieux (comme lorsque la caméra plonge d'un étage à l'autre en suivant les protagonistes) et utilise pour cela quelques rares (mais visibles) effets numériques. Le résultat est toujours très impressionnant !

(Ce combat est l'un des plus dingues du film ! Mais les autres sont loins d'être mauvais...)

Le rythme du film pourrait presque être comparé à un bon vieux jeu-vidéo de type "beat 'em all" comme "Double Dragon" ! Les vagues d'ennemis se succèdent dans des décors très légèrement différents (mais différents quand-même !) et toujours un peu plus dangereux à mesure qu'on se rapproche du boss final qui est tellement balèze qu'on ne sait même pas si on pourra en venir à bout ! Les scènes d'action sont généralement longues et variées (un des gros points forts du film) mais sont aussi entrecoupées de quelques gros moments de tension très réussis (la scène du couteau à travers le mur est tout simplement énorme !) mais aussi de dialogues qui font avancer l'intrigue. Et c'est peut-être le seul défaut de "The Raid" : ces dialogues ont tendance à ralentir le rythme général et auraient généralement pu être beaucoup plus courts (surtout quand on voit ce qu'on y apprend). Du coup, la durée globale d'1h40 aurait facilement pu être amputée de 10 ou 15 minutes sans que le film en soit vraiment affecté, ce serait même d'ailleurs plutôt le contraire !

Il est difficile de s'exprimer sur des acteurs que l'on ne connait pas du tout mais il est clair que tout le monde est très juste et parfaitement à sa place. Les pourris ont de vraies tronches de pourris et les gentils ont généralement de bonnes têtes. C'est un peu caricatural mais au moins ça fonctionne à merveille. On retiendra tout particulièrement le Sergent Jaka (Joe Taslim) et Rama (Iko Uwais), ce dernier étant le personnage principal du film et dont l'interprète était déjà au centre du film "Merantau" (que j'ai vachement envie de voir du coup). Mais la palme revient clairement au bras droit de Tama, celui qui s'appelle Mad Dog (Yayan Ruhian) et qui est une vraie machine de guerre à mains nues ! Ça fait plaisir de voir un antagoniste aussi impressionnant et réussi ! Et le Silat risque bien de devenir une nouvelle référence visuelle dans le cinéma d'action



Pour juger de la qualité de "The Raid", je vais utiliser un baromètre assez particulier : vous connaissez ces moments où l'on se redresse sur son siège avec la bouche ouverte tout en se disant "Ohhhhhhh, celle-là elle a dû faire très très mal !" ? Dans un bon film de baston je dirais que ce moment se produit à peu près 3 ou 4 fois. Dans "The Raid", j'ai arrêté de compter au bout d'une demi-heure ! Voilà, c'est aussi simple que ça ! J'ai passé un excellent moment grâce à une réalisation hyper-efficace et ingénieuse, ainsi que grâce à des acteurs très impressionnants physiquement parlant. Ajoutez à cela quelques effets visuels bien sentis pour obtenir des plans de folie et vous obtenez un excellent film d'action/baston pour un budget équivalent à un peu plus de 1,3 million d'euros (ou 1,7 million de dollars), là où Hollywood en aurait dépensé bien plus pour un résultat pas forcément aussi convaincant. A titre de comparaison (quoique ça n'a pas grand-chose à voir en fait), le plutôt mauvais film "S.W.A.T." sorti en 2003 avait coûté 80 millions de dollars.

Les amateurs de testostérone ultra-concentrée devraient donc foncer voir "The Raid" en salles, ils peuvent en revanche oublier d'emmener leur copine car c'est tout de même super violent ! Nul doute que le film deviendra un nouvel incontournable, voire une nouvelle référence du genre lors de sa future sortie en DVD/Blu-Ray !

Et pour revenir à Hollywood, sachez qu'un remake US est (évidemment) en préparation ! Gareth Evans n'y sera impliqué qu'en tant que producteur exécutif tandis que le studio américain en charge de ce remake insiste pour travailler avec les même chorégraphes que ceux du film original. Pendant ce temps, Gareth Evans travaille sur la suite indonésienne de "The Raid". Ce second film (de ce qui est désormais annoncé comme une trilogie) devrait bénéficier d'un budget beaucoup plus important que le premier et se nommera visiblement "Berandal" (du moins en Indonésie). Il est intéressant de noter que "Berandal" était le film que Gareth Evans souhaitait tourner en 2011 et qu'il devait se dérouler au sein d'une prison. Mais le budget du film était trop important et le projet a dû être revu à la baisse, ce qui a donné naissance à "The Raid" !

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