Critique ciné : Babycall

Le grand prix du dernier Festival Du Film Fantastique de Gérardmer est enfin sorti en salles !


L'histoire : Anna a été traumatisée par son ex-mari très violent. Elle tente de le fuir en déménageant à une nouvelle adresse tenue secrète afin de les protéger, elle et son fils. Elle a tant de mal à se séparer de son fils de 8 ans qu'elle finit par acheter un "babycall", ce qui lui permet d'écouter les bruits qui proviennent de sa chambre, même en pleine nuit. Mais grâce à cet appareil, elle va entendre des sons étranges et inquiétants qui pourraient provenir d'un autre appartement...

Une mère fragile seule avec son enfant, des décors froids et austères, l'image typique des films nordiques : à priori on est bien partis pour un thriller urbain qui ne va pas faire dans la dentelle. Et pourtant "Babycall" est à la fois moins visuel que ça et surtout bien plus complexe que ça ! Si l'intrique met un peu de temps à commencer à dévoiler son côté le plus sombre, on a du mal à se détacher de ce qui se passe à l'écran tant cette mère blessée et psychologiquement affaiblie par son ex-mari et qui veut à tout prix protéger son enfant est touchante mais aussi troublante car consciente de sa névrose.


Noomi Rapace se révèle être une grande actrice car elle interprète ici un personnage faible, tourmenté, parfois pathétique et dépassé par les événements inhabituels qui l'entourent à mille lieues du personnage de Lisbeth Salander qui l'avait fait connaître dans la série (ou les films) "Millénium" en version suédoise. Même physiquement parlant, on a du mal à reconnaître l'actrice qui apparaît ici amaigrie, sans fard et rarement bien apprêtée. Les personnages sont très peu nombreux et seuls trois ou quatre seconds rôles récurrents viennent épauler la principale protagoniste avec une mention particulière pour les deux enfants très convaincants malgré leur interprétation tout en réserve.

La tâche n'est pas simple pour le spectateur car le point de vue exprimé est celui d'Anna, le personnage principal du film, or même celle-ci a du mal à faire la part des choses parmi les événements dont elle est témoin. Il faut donc s'accrocher jusqu'au bout pour bien saisir les tenants et les aboutissants d'une histoire étonnamment complexe et déroutante pour un point de départ qui paraissait pourtant simple...



"Babycall" est un film qui est loin de respirer la joie de vivre (c'est même tout le contraire) mais qui saura faire frissonner d'horreur ceux qui voudront bien s'y perdre durant 95 minutes. Noomi Rapace y est moins percutante que dans les "Millénium" mais tout aussi bouleversante grâce à son jeu intimiste et rempli d'émotion. Les prix déjà récoltés par le métrage sont en tout cas largement mérités !

J'espère toutefois que le film est projeté près de chez vous : ce n'est pas mon cas (heureusement que je l'avais vu à Gérardmer) et il n'a été distribué que dans 37 salles en France. Dommage... Je compte sur vous pour vous rattraper lorsqu'il sortira en DVD !

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