Critique ciné : John Carter

Ça y est, le voilà enfin ce "John Carter" tant attendu ! Alors on récapitule :

- John Carter est un personnage de romans créé en 1912 par Edgar Rice Burroughs (à qui l'on doit également le fameux Tarzan). Il est extrêmement célèbre sur le continent américain, mais beaucoup moins connu en Europe. Il a inspiré de nombreuses et célèbres œuvres de science-fiction, dont notamment certains éléments de la saga "Star Wars".
- Les romans mettant en scène ce personnage ont déjà été adaptés sous la forme de comic-books, un film d'animation a failli voir le jour dans les années 30 et un film "live" à faible budget est sorti directement en DVD en 2009.
- Aux commandes de cette production Disney, on trouve Andrew Stanton qui signe là son premier film "live" après avoir s'être fait connaître dans le milieu des films d'animation avec des réalisations comme "Le Monde De Nemo" et "Wall-E".
- Les rôles de John Carter et de la princesse de Mars sont ici tenus respectivement par Taylor Kitsch et Lynn Collins qui étaient déjà tous deux présents dans le film "X-Men Origins - Wolverine" en 2009.
- C'est un pari risqué pour Disney qui a beaucoup hésité à se lancer dans cette nouvelle licence mal connue en dehors du territoire américain. De plus, la célèbre compagnie avait déjà tenté de produire un film basé sur les écrits de Burroughs dans les années 80 avec Tom Cruise dans le rôle titre et John McTiernan ("Predator", "Die Hard" 1 et 3, "Last Action Hero") à la réalisation. Mais ce dernier avait jeté l'éponge, jugeant que les effets spéciaux de l'époque n'étaient pas assez avancés pour un résultat final de bonne qualité.
- La Paramount tenta également de produire un film basé sur John Carter vers 2005 avec Robert Rodriguez ("Desperado", "Une Nuit En Enfer", "Sin City", "Planète Terreur", "Machete") à la réalisation. Le projet fut ensuite confié à Jon Favreau ("Iron Man" 1 et 2, "Cowboys & Envahisseurs") avant d'être finalement abandonné et Disney récupéra les droits en 2007 dans le but de produire une série de films à gros budget (mouais, à tous les coups ça va encore être une trilogie, vous verrez).


L'histoire : sur la planète Barsoom (connue des humains sous le nom de Mars), les peuples d'Helium et Zodanga s'affrontent mais l'arrivée d'un homme étrange au sein des Thark, qui ne souhaitent pas s'impliquer dans le conflit, pourrait bien changer les choses...

En fait, dans "John Carter", on retrouve avec plaisir tous les fondamentaux des récits classiques de science-fiction : une planète éloignée, une guerre, une belle princesse en détresse, des extra-terrestres à l'allure surprenante, des dangers inconnus, une faune étrange, un soupçon de pouvoirs mystiques et bien évidemment un jeune héros loin de chez lui et totalement étranger aux événements dans un premier temps, mais qui finira par choisir son camp et aura une importance décisive dans l'issue du conflit !
Réfléchissez un instant et vous verrez à quel point ce résumé peut très bien s'appliquer à "Star Wars Episode IV : Un Nouvel Espoir" et sûrement aussi à plein d'autres trucs...

Ce qui risque d'être déroutant en revanche, pour les spectateurs les moins avertis, c'est la première demi-heure du film puisque celle-ci nous parle de John Carter sur Terre, avant qu'il n'aille se promener sur Mars. Disney ayant choisi de totalement zapper cet aspect du personnage dans sa campagne de promotion, certains spectateurs risquent de se demander s'ils ne se sont pas trompés de salle de projection... En fait, ces scènes permettent de bien établir le personnage de John Carter (ou du moins son caractère), malgré le fait qu'on n'y comprenne pas grand-chose au début, avec notamment quelques pointes d'action et d'humour plutôt sympathiques avant d'amener tranquillement le spectateur jusqu'à la planète Mars.

Car c'est évidemment sur la planète rouge que les choses sérieuses commencent. Et il est agréable de constater que ce monde à priori désertique a des environnements très variés à dévoiler tout au long du film. Et c'est l'un des points forts du métrage : son design général a été très soigné et il renvoie directement à une science-fiction old-school absente des écrans depuis bien longtemps tout en évitant de retomber dans les travers kitsch pourtant si caractéristiques de cette époque (souvenez-vous du film "Flash Gordon" de 1980, le meilleur exemple de ce qu'il ne fallait surtout pas faire dans ce domaine).

(Tout à fait mon type de princesse : belle, brune, combattante, martienne...)

Mais on ne va pas se mentir : le scénario de "John Carter" n'est pas des plus originaux ! Pour sa défense on dira que c'est un petit peu normal vu que l'histoire du bouquin a été pompée à d'innombrables reprises depuis (littéralement) un siècle ! Ça ne signifie pas pour autant que l'histoire du film est naze. Elle comporte tout de même son lot de rebondissements, certes souvent prévisibles, mais qui ont le mérite de faire sans cesse progresser l'intrigue vers de nouveaux lieux. Une histoire qui, à défaut d'être palpitante, reste tout de même suffisamment intéressante pour qu'on ne s'ennuie jamais pendant les 2H20 du film et qui réserve tout de même quelques surprises dans la dernière partie du métrage...

Là où on peut être légèrement déçus en revanche, c'est en termes d'originalité cinématographique. Car on attendait beaucoup d'un Andrew Stanton venu du monde de l'animation, un peu comme pour son collègue Brad Bird il y a quelques mois avec "Mission : Impossible - Protocole Fantôme". Mais là où ce dernier avait su faire preuve d'un peu d'inventivité pour un genre pourtant hyper balisé comme les films d'action/espionnage, Andrew Stanton déçoit légèrement par sa mise en scène très classique et sans grande folie pour le genre pourtant très permissif que représente la fantasy. Heureusement, le réalisateur se lâche (un peu) dans les scènes de batailles et y fait virevolter ses caméras ainsi que ses personnages, mais c'est finalement assez rare comparé à l'ensemble du film. Dommage... Pas mauvais hein, soyons clairs, mais dommage quand-même... Un mot sur la 3D (est-ce vraiment nécessaire ?) : si, contrairement à pas mal d'autres films dans ce format, celle-ci à le bon goût de ne pas se faire oublier au bout de 10 minutes, grâce notamment à des plans larges et profonds très réguliers, elle n'en reste pas moins toujours aussi dispensable et assombrit considérablement le film dont la majorité des plans se déroulent pourtant en plein soleil (un comble !).

(Ah oui, et le réalisateur aime bien les plans en plongée comme celui-ci mais j'en profite surtout pour remettre une photo de la princesse.)

Au niveau des acteurs, Taylor Kitsch remplit à merveille son rôle de héros taciturne, à tel point qu'on en arrive presque à le trouver sympathique. Du côté de la princesse Dejah Thoris, les mots me manquent pour vous dire à quel point j'ai apprécié la prestation (et les costumes) de Lynn Collins. La critique ciné en général n'étant déjà pas franchement un exercice plein d'objectivité, je vous épargnerai donc mes longues tirades sur l'éblouissante beauté du personnage et me contenterai de vous dire que je compte retourner voir le film en salles rien que pour elle...
Sab Than, le méchant, est interprété par Dominic West qu'on a déjà vu plus inspiré mais qui reste malgré tout très correct (et il est largement moins mauvais que dans "Punisher : War Zone", c'est déjà ça). A ses côtés on trouve Mark Strong dans le rôle du mystérieux Matain Shang, roi des Therns. Et si celui-ci est nettement plus convaincant que son collègue, c'est peut-être parce-que l'acteur est déjà pas mal habitué à ce type de rôles depuis quelques années (voir "Sherlock Holmes", "Kick-Ass" et "Green Lantern").

De nombreux rôles secondaires sont également de la partie, comme par exemple Ciarán Hinds (visible sur la 1ère image ci-dessus) qui prouve ici qu'il n'est pas si mauvais, malgré sa pitoyable prestation récente au sein du non-moins pitoyable "Ghost Rider - L'Esprit De Vengeance". On retiendra plutôt les personnages de Tars Tarkas, Sola et le vilain Tal Hajus qui, malgré le fait de n'être que des Tharks en images de synthèse, n'en sont pas moins interprétés avec brio par Willem Dafoe (le Bouffon Vert de la trilogie "Spider-Man"), Samantha Morton (l'une des précog de "Minority Report") et Thomas Haden Church (l'Homme-Sable de "Spider-Man 3").



Sans révolutionner le genre (était-ce vraiment son but ?), "John Carter" s'avère être un divertissement efficace et réussi auquel il ne manque peut-être qu'un soupçon de folie pour en faire un grand film. C'est aussi un bel hommage aux serials et aux pulps qui marquèrent l'âge d'or de la SF old-school ! Mais le film a été extrêmement mal marketé par Disney qui n'a su se décider sur son type : space opera, divertissement familial, film pour enfants ? S'il ne remplit pas ses objectifs en salles, nul doute qu'il se rattrapera largement en DVD et Blu-Ray mais bon... un film comme ça c'est fait pour être vu en salles !!!
Alors si vous n'avez pas peur d'être dépaysés visuellement, et transportés par une histoire certes classique mais néanmoins efficace et par des personnages un rien manichéens, n'hésitez pas à aller voir "John Carter" avec vos yeux d'enfants : vous serez comblés (et ce fut mon cas) !
Les amateurs de science-fiction un peu plus hardcore risquent en revanche de rester sur leur faim, mais qu'on ne vienne surtout pas comparer "John Carter" avec "Avatar" qui lui était un véritable festival de clichés et de facilités du genre...

Un dernier mot sur la musique de Michael Giacchino (déjà à l'œuvre sur "Super 8", le dernier "Star Trek", les deux derniers "Mission : Impossible", "Speed Racer", mais aussi les séries "Lost" et "Fringe") qui a signé un thème sympathiquement old-school pour "John Carter", à tel point qu'il m'est resté en tête des heures après la projection...

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