Festival de Gérardmer 2011 (films en compétition 1/2)

J'ai passé mon week-end dernier dans une froide mais ensoleillée bourgade des Vosges afin de me repaître de films effrayants, sanguinolents, stressants ou tout simplement hors du réel dans le cadre du 18ème Festival International Du Film Fantastique De Gérardmer.


Le thème de cette édition 2011 était : "Schizophrénie, claustrophobie, paranoïa... et autres petites joies de l'existence". Une thématique particulièrement alléchante pour moi, surtout quand on sait le profond respect que j'ai pour "Psychose" (1960), le chef-d'œuvre d'Alfred Hitchcock qui était d'ailleurs projeté dans le cadre de ce festival mais que je n'ai pas pu aller voir (dommage, je n'aurais peut-être jamais une autre occasion de le voir sur grand écran).

Bref, voici mon avis sur les quelques films en compétition (primés ou non) que j'ai vus :

"Bedevilled"
(Corée Du Sud - Jang Cheolsoo)
Grand prix 2011


Difficile de rester de marbre devant ce film choc ! Je ne suis d'ailleurs pas très surpris qu'il ait remporté le grand prix de cette année mais pourtant je n'arrive pas à me débarrasser de la gêne ressentie lors du visionnage du film. Je m'explique : l'histoire est celle d'une jeune trentenaire célibataire un poil autoritaire et vivant à Séoul qui prend quelques jours de repos pour aller rendre visite à l'une de ses amies d'enfance qui vit sur une petite île isolée. On constate assez rapidement que l'amie d'enfance (qui est peut-être le vrai personnage central du film) est particulièrement maltraitée (le mot est faible !) par les quelques autres habitants de l'île, à tel point que sa santé mentale finira par chavirer et qu'elle partira dans une quête vengeresse particulièrement sanglante... (je suppose que ce n'est pas un spoiler vu que c'est annoncé clairement dans la bande-annonce)



Mon principal souci vis-à-vis de ce film c'est que les deux tiers des deux heures que dure le film sont quasiment uniquement consacrés à nous exposer un par un les divers sévices (physiques, mentaux, sexuels, moraux, etc...) subis par la jeune femme sur son île. Rien n'est épargné, ni à elle, ni au spectateur ! Visuellement, il n'y a rien d'insoutenable, juste une légère violence quotidienne et banalisée qui commence à devenir pesante à cause de sa répétition. Loin de moi l'idée de vouloir minimiser l'ignominie de tels actes, mais durant toute cette partie je me demandais vraiment pourquoi ce film était en compétition dans un festival du film fantastique.
C'est un film hautement dramatique et poignant, ça c'est sûr ! Mais pas un film fantastique à mes yeux...

Du coup, lorsque la croisade sanglante (très sanglante même, mais pas gore) commence enfin, on est presque soulagé que tout ça se termine (c'est la première fois de ma vie que j'ai entendu une salle entière applaudir à la vue d'un meurtre de sang froid). Mais là encore, cette partie semble interminable et après avoir souhaité que les souffrances de la jeune femme se terminent, on en vient presque à souhaiter que son massacre se termine également pour que le spectateur puisse enfin sortir de cette terrible histoire (et c'est certainement là que se trouve la plus grande réussite du film).


Je ne suis donc pas trop surpris que "Bedevilled" ait remporté le grand prix (mention spéciale aux acteurs qui sont tellement convaincants qu'on a du mal à imaginer qu'ils puissent être différents dans leur vie de tous les jours) mais je reste persuadé qu'il s'agit avant tout d'une histoire dramatique qui n'aurait pas été fondamentalement différente si la quête vengeresse avait été moins sanglante. De plus, je ressens encore une gêne au sujet de la principale protagoniste (laquelle est-ce vraiment ?) et du message qu'elle nous fait passer...

"Dream Home"
(Hong-Kong - Ho Cheung Pang)


Encore un film asiatique où une jeune femme va finir par orchestrer un massacre particulièrement sanglant (voire même légèrement gore) pour des raisons personnelles mais cette fois c'est beaucoup moins profond, même si l'histoire est visiblement inspirée d'un véritable fait divers sur fond de crise du logement à Hong-Kong.



Le film alterne entre des scènes d'une violence inouïe (et parfois disproportionnée) et des flash-backs qui expliquent lentement au spectateur comment on en est arrivés au massacre. Le souci c'est qu'on comprend plus ou moins rapidement les motivations de la jeune femme et qu'on finit par s'ennuyer fermement durant les flash-backs. Les scènes d'action (si je puis m'exprimer ainsi) sont en revanche très dynamiques (avec des effets spéciaux très convaincants) et parfois même amusantes tant elles semblent exagérées. Les amateurs d'ultra-violence seront donc aux anges, mais ces excès et le fait que la principale protagoniste semble dotée d'une force herculéenne finiront par avoir raison de la crédibilité de l'ensemble (c'est aussi pour ça qu'on s'ennuie pendant les flash-backs) et la critique sociale passe complètement à la trappe...

"The Troll Hunter"
(Norvège - André Øvredal)


Aaaahhh, enfin un vrai film fantastique ! C'est vrai quoi, dans ce festival 99% des projections sont des films d'horreur et chaque année je me demande où est passé le cinéma fantastique...

On a ici affaire à un "documenteur" dans la lignée du "Projet Blair Witch" (1999) ou "Cloverfield" (2008) avec les indications habituelles sur le fait qu'on a retrouvé ces images, qu'on nous les diffuse telles qu'elles, que les jeunes gens n'ont jamais été retrouvés, bla bla bla...


(quasiment toutes les petites surprises du film sont dans ce trailer)

Je trouve juste un peu dommage qu'on sache avant de voir le film que les trolls existent (voir l'affiche et la bande-annonce ci-dessus), du coup ça fusille le côté mystérieux de l'histoire. Mais à part ça, j'ai passé un agréable moment à suivre ces étudiants (auxquels on ne s'attache pas du tout, d'ailleurs) et surtout le vieux chasseur de trolls complètement désabusé et donc parfois très drôle. Rien de très original dans ce film mais au moins les effets spéciaux sont bons, l'action est toujours relativement lisible et les scènes avec les trolls sont toujours d'une grande intensité.

Un film sympathique, pas aussi effrayant qu'il voudrait parfois l'être et qui ne surprendra absolument pas les amateurs du genre. Mais au moins on nous montre ce qu'on est venus voir...

Commentaires

Saki a dit…
Enfin je peux lire tes critiques de films de Gérardmer !
(en loosdé)

Forcément, j'ai envie de voir celui qui à pris la palme

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